Parmi la sélection Horreur du festival Fantasia se trouvait Huesera: The Bone Woman, le premier long-métrage de la réalisatrice mexicaine Michelle Garza Cervera, un film touchant qui témoigne de son talent prometteur. Le film a attisé les questions et nourri les discussions lors du Q&A avec la réalisatrice à la fin de la projection. Certains ont même versé quelques larmes.
Valeria apprend qu’elle est enceinte après une visite dans un lieu de pèlerinage où se trouve une immense statue dédiée à la vierge Marie. Elle a un mari jovial et aimant, un bel appartement, et l’annonce de l’arrivée du bébé semble de bon augure dans sa vie bien rangée. Pourtant, tout n’est pas parfait... Après une soirée passée avec sa famille où elle s’est fait méchamment taquiner, une femme peu avenante, surgie de son passé, l’accoste pour une courte discussion. De plus, une apparition qu’elle seule peut voir se met à la poursuivre, si bien que les gens autour d’elle commencent à douter de sa santé mentale...
La maternité est un thème extrêmement romancé, non seulement dans les œuvres en général, mais également dans l’imaginaire collective: quel rêve de tomber enceinte, et comme les femmes sont belles avec leur bedaine ronde! À l’aide de son scénario bien ficelé, Huesera: The Bone Woman montre l’envers de la médaille et l’horreur de la grossesse, particulièrement lorsqu’elle est vécue au sein d’une communauté religieuse qui encourage le couple traditionnel et la vie de famille. Comment gérer la pression sociale lorsque nous sommes différents, lorsque nos besoins et nos désirs ne concordent pas avec ce qui est attendu de nous?
Valeria perd le contrôle sur son propre corps et sur les décisions importantes de sa vie au profit d’un enfant qu’elle n’a pas encore rencontré et d’une famille qui ne met pas son bien-être en priorité. En parallèle, la Huesera, ou le «craqueur d’os», fait son apparition aux pires moments dans une série de craquements inquiétants et de contorsions contre nature. Les effets, bien que redondants à la longue, sont initialement efficaces et inquiétants. Les personnages sont crédibles et cohérents, et l’actrice principale est excellente dans son rôle. Il y a bien quelques lacunes dans la réalisation, comme par exemple l’utilisation répétitive des mêmes effets sonores tout au long du film, et une scène qui nous laisse un peu perplexes vers la fin, mais celles-ci sont oubliées à travers l’histoire poignante et touchante d’une femme qui cherche à trouver sa place dans une société qui l’a oubliée.
Huesera: The Bone Woman est un film féministe incontournable qui touche droit au cœur et qui remet en question les normes sociétales sans nous gaver de morales ennuyeuses. Michelle Garza Cervera est une réalisatrice à surveiller absolument alors qu’elle a déjà un style qui, bien qu’encore à définir un peu sur les bords, est original et prometteur.
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