Aussi présenté dans la sélection Regard sur les films de genre queer de Fantasia cette année, Hypochondriac d’Addison Heimann, son premier long-métrage, s’ajoute à la liste des films qui utilisent les codes de l’horreur pour traiter d’un sujet plutôt terrifiant: la maladie mentale. Malgré une prémisse intrigante, ce dernier titre ne s’inscrira toutefois pas aux côtés des récents The Lodge, Relic ou encore The Babadook.
Sensations étranges dans les mains, vertiges et hallucinations, Will ne se sent pas très bien ces derniers temps. Ses symptômes coïncident avec le retour soudain de sa mère, qui lui laisse des messages vocaux incongrus et lui fait parvenir d'étranges paquets par la poste. C'est que Will n'a plus de contact avec elle depuis qu'elle a été internée 18 ans plus tôt, après avoir tenté de le tuer alors qu'il avait 12 ans.
Hypochondriac prend étrangement le détour de l’hypocondrie pour traiter de son principal sujet: la schizophrénie… et rate ainsi littéralement la cible. C’est comme si à travers ces visites infructueuses chez le médecin et ces manifestations physiques du stress, on détournait le regard des véritables enjeux du métrage, notamment au niveau de la relation mère-fils évoquée, mais également de toute la dynamique famille problématique en lien avec la maladie qu’il aurait été fascinant d’approfondir.
Il nous reste ainsi cette relation amoureuse que Will forme avec Luke (Devon Graye, I See You) depuis quelques mois, relation qui se retrouve ébranlée par l’arrivée de la femme instable. À ce sujet, Heimann réussit à offrir un tableau sensible en évitant les clichés souvent dépeints au sein des relations homosexuelles à l’écran. Certains moments de vulnérabilité offerts par l’acteur Zach Villa (American Horror Story) s’avèrent étonnamment touchants.
Mais c’est au détriment de tout le volet horrifique du film, qui ne fonctionne pour ainsi dire aucunement. L’homme déguisé en loup qui sert de métaphore avec la maladie peine à convaincre lors de ses très courtes apparitions. Autrement, et outre quelques craquements de doigts, la réalisation ne parvient jamais à créer de véritable sens de danger et la détresse est illustrée de manière assez peu créative. Une scène reprenant un classique du «cinéma hétérosexuel» remixée à saveur horrifique fait d’ailleurs grandement sourciller — on vous laisse faire la malaisante découverte.
Mais où Hypochondriac dérape le plus, c’est probablement lors de son dénouement. Difficile de choisir entre ce gavage de rêves éveillés dont on était déjà las avant le début du film et qui tentent pauvrement de confondre le spectateur, ou cet épilogue rose bonbon pour justifier le dérapage, mais reste que le résultat s’avère quasi indigeste.
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