Le festival Fantasia a présenté en première mondiale le thriller horrifique The Elderly (Viejos), second long-métrage de Raúl Cerezo et Fernando González Gómez, mettant en vedette Zorion Eguileor, qui avait offert une performance impressionnante dans le succès Netflix The Platform.
Après le suicide de la femme de Manuel, la famille de ce dernier le voit développer un type particulier de démence. Son fils, Mario, incapable de se résoudre à l’envoyer en résidence spécialisée, décide de l’accueillir chez lui, malgré les protestations de sa femme Lena. C’est alors que la famille remarque des comportements plus qu’étranges chez Manuel. Agressivité, menaces, discours psychotique… est-ce que tout cela peut être expliqué par la maladie? Qu’en est-il des autres aînés du voisinage, qui semblent eux aussi être devenus complètement fous? Alors que le mercure monte, la vie de la petite famille se verra bouleversée à jamais.
Le cinéma d’horreur espagnol n’a plus rien à prouver, mais arrive toujours à nous surprendre, et The Elderly prend aux tripes par sa démonstration de la violence ordinaire prodiguée aux aînés. Le personnage de Manuel se voit forcé de quitter son appartement sous les ordres de son fils pour se retrouver à cohabiter avec sa cruelle belle-fille qui le déteste. Personne ne le prend au sérieux, à part peut-être sa petite-fille, et chacune de ses paroles est interprétée dans l’optique qu’il est dément. Il est cadenassé dans sa chambre et traité comme un enfant difficile dans une escalade de violence, jusqu’à ce qu’il soit finalement victime d’abus dans une scène particulièrement poignante et difficile à regarder.
L’intrigue présente les personnes âgées comme des menaces, toutes atteintes d’un mal mystérieux, mais il est difficile d’ignorer le reflet que renvoient certaines scènes sur la réalité vécue par les aînées dans notre société actuelle. La pureté et l’innocence de la jeunesse est représentée en parallèle par la petite-fille de Manuel, Naia, seul personnage qui semble se soucier sincèrement du bien-être de son grand-père.
The Elderly n’est pas un film truffé de jump scares ou de monstres effrayants. Après la scène d’ouverture, l’horreur y est plutôt subtile, nichée dans une ambiance inquiétante, étouffante. Les personnages, tantôt attachants, tantôt antipathiques, sont pris dans cette situation qui les dépasse complètement, et les voir s’y débattre sans qu’il n’y ait d’issue apparente est profondément anxiogène. Le film confronte le spectateur à sa propre peur de vieillir et ce dernier en ressort avec plus de craintes encore qu’il n’en avait avant le visionnement.
Au final, The Elderly brise les tabous liés à la vieillesse au cinéma et provoque des réflexions sur le traitement des aînés dans notre société à l’aide d’une cinématographie sans faille, d’un scénario bien ficelé et d’un choix d’acteurs exceptionnel. Vous en ressortirez ébranlé.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.