À chaque année lors du festival Fantasia, Horreur Québec se permet de déroger un brin de son cadre habituel horrifique pour aborder des films déstabilisants et très riches en émotions. Un été comme ça en est un dont il est presque impossible d’en sortir indemne, et il nous est offert par le réalisateur québécois dont le cinéma voyage possiblement le plus à travers le monde: Denis Côté (Répertoire des villes disparues). Cela dit, le long-métrage renferme quelques scènes cauchemardesques assez grinçantes pour assurer une place à ce titre sur nos pages.
Trois femmes hypersexuelles acceptent de vivre un retrait de 26 jours dans une maison isolée pour parler de leurs désirs, encadrées par un travailleur social et une thérapeute.
Ce quatorzième film du cinéaste nous met face à un fait cocasse. Si le Québec est reconnu pour avoir jadis été pionnier dans l’exploitation de l’érotisme dans son cinéma, il faut admettre que très peu de films québécois traitent de la sexualité de manière aussi sérieuse. Un été comme ça ne se contente pas d’aborder le sujet, mais dissèque au microscope notre construction des normes face au désir, tout en exposant certaines conséquences devant une absence de frontières. Côté semble avoir semé avec un grand plaisir des questions dont les réponses sont propres à chaque individu.
L’auteur y aborde le portrait de plusieurs femmes avec aplomb et propose, un peu à la manière d’Ingmar Bergman, une série de tableaux intimistes où les dialogues précis décrivent le drame intérieur que traversent ces personnages. Là où finissent les paroles, le milieu bourgeois que semble représenter le chalet avec ses coupes de champagne, sa fine cuisine et ses tours de chaloupe laisse miroiter les blessures et plaisirs de ces êtres décalés. Disons-le, l’acuité psychologique de Côté ne vient pas uniquement de ses dialogues, mais aussi de la délicatesse de sa caméra qui scrute et qui tente de comprendre. La mise en scène est au service de l’observation du quotidien de ces femmes, et ce que le cinéaste nous livre sous nos yeux est avant tout un récit sur l’estime de soi.
La distribution est lumineuse d’un bout à l’autre, mais il faut admettre que dans des rôles aussi envahissants que délicats, le trio d’actrices jouant ses femmes à problèmes est d’une présence à toute épreuve.
Au final, Un été comme ça s’impose comme l’un des grands films québécois des dernières années. Même s’il s’agit d’une œuvre que certains pourraient trouver exigeante, ne vous en privez pas.
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