Vous n’avez pas l’impression que la planète est en train de devenir folle? Parlez-en à Vincent, l’antihéros de Vincent doit mourir, présenté à la Semaine de la Critique de Cannes au printemps dernier et maintenant en première nord-américaine à Fantasia. Le graphiste discret et plus ou moins en forme doit littéralement affronter le monde dans cet essai violemment sympathique qui traite de nos interactions sociales post-pandémiques défaillantes.
Après deux agressions physiques complètement gratuites au bureau, Vincent est renvoyé à la maison. Pourtant, d'autres inconnus s'en prennent maintenant à lui dans des moments de rages incontrôlables. L'homme ira se réfugier en retrait de la ville pour tenter de survivre et faire du sens de cette histoire.
Pour un film à propos d’une apocalypse violente, le rythme plus lent de Vincent doit mourir étonne. Bien qu’on ait droit à quelques attaques plutôt brutales et d’autres excessivement repoussantes, mais hilarantes (on savait tous où cette histoire de fosse septique finirait), l’intrigue s’attarde davantage sur l’exil de notre protagoniste en solo, en compagnie de son nouveau compagnon canin Sultan, et de sa rencontre avec Margaux (l’attachante et pétillante Vimala Pons, vue dans After Blue). Parce que tant qu’à être en mode survie, aussi bien le faire à deux, finalement.
Le cinéaste français Stéphan Castang aborde ici nos relations interpersonnelles qui s’effritent dans un monde de travail à domicile, où il semble maintenant souvent plus simple et parfois même plus sécuritaire d’éviter le regard de l’autre. Le postulat fonctionne à merveille avec les codes du film d’infectés (pour ne pas nommer le mot en Z), mais le scénario ne génère peut-être pas assez d’idées nouvelles dans le domaine — la comparaison avec Shaun of the Dead, par exemple, devient inévitable — pour justifier son format long-métrage. Les filons abordés comme la dépendance ou même cette société clandestine parallèle ne sont pas développés à leur plein potentiel, particulièrement dans la deuxième moitié où Vincent doit mourir réserve très peu de surprises à son public et semble ainsi tourner en rond.
Karim Leklou (Pour la France) est néanmoins le candidat parfait pour le boulot. Dans le rôle-titre, l’acteur utilise son non-verbal à bon escient, autant pour les moments comiques que plus dramatiques. Les dialogues trouvent aussi le bon ton entre les deux humeurs et évitent habilement de sombrer vers la caricature facile.
Mais malgré sa deuxième moitié plus faible, Vincent doit mourir demeure divertissant et mérite le visionnement. Avec ce premier long-métrage, on sent chez Castang cette volonté de vouloir utiliser le cinéma de genre comme catalyseur d’enjeux sociaux actuels, un trait définitivement bienvenue dans le milieu et qui pourrait faire naître de véritables petits bijoux sous sa commande. On sera là pour les prochains.