Réapparaissant après une absence de deux ans suite à sa participation à une émission de retrouvailles où elle a été reconnue, une jeune femme amnésique au tempérament rebelle doit subitement composer avec la femme qu’elle était autrefois.
Présenté dans le cadre du Festival du nouveau cinéma dans la sélection Temps Ø, Fugue est l’un de ces films qui suscitaient beaucoup d’engouement de la part des amateurs de films de genre.
Trois ans après s’être forgé une réputation avec son film The Lure, la cinéaste polonaise Agnieszka Smoczynska s’impose encore une fois parmi les créateurs d’exception. Il faut dire que le scénario que lui livre son actrice principale, Gabriela Muskala, foisonne de thèmes riches qui concordent habilement avec le ton poétique de la réalisatrice. Sans le moindre fard, on pose un regard sur l’intériorité de cette femme, mais on embrasse au passage plusieurs préoccupations contemporaines dont les anxiétés parentales, la quête d’identité et le regard posé sur les êtres en marge. Le tout baignant évidemment dans une aura de mystère, puisque l’un des enjeux du récit est de découvrir ce qui aurait pu causer cette perte de mémoire.
La réalisation de Smoczynska est en diapason avec ce récit puisqu’elle accorde l’importance nécessaire au développement des personnages. Certains trouveront peut-être l’entreprise un peu trop dénuée des extravagances déployées dans son film précédent, mais combinées à la photographie soignée, certaines de ses insistances magnifient une poésie aux limites du fantasmagorique.
Il en résulte une œuvre extrêmement réfléchie qui ne flanche devant aucun procédé facile pour séduire impunément son audience.
Époustouflante dans le premier rôle, Gabriela Muskala adapte son jeu au ton comme un véritable caméléon. Sa prestation n’est pas sans rappeler celle de la regrettée Giulietta Masina dans ses meilleurs rôles auprès de Fellini.
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