25 mai 1979: Alien, un film qui allait à jamais changer le visage de la science-fiction, arrivait sur les grands écrans. Pour souligner le 40e anniversaire de ce classique de Ridley Scott, le réalisateur Alexandre O. Philippe nous propose un documentaire afin de revenir sur la genèse de ce projet en mettant l’accent sur les trois artisans principaux de ce chef-d’œuvre: le scénariste Dan O’Bannon, l’artiste H.R. Giger et, évidemment, le réalisateur Ridley Scott.
À l’instar de son documentaire 78/52 qui se concentrait sur la mythique scène de la douche de Psycho, Alexandre O. Philippe se sert d’un moment très précis d’Alien comme pilier pour son film: celle du repas où la créature jaillit de la cage thoracique de John Hurt.
Memory: The Origins of Alien débute avec des images d’un temple grec et trois vieilles femmes incarnant les furies, des divinités persécutrices. Une entrée en matière qui déstabilise au premier abord, rappelant davantage les prétentions philosophiques et religieuses de Prometheus que le cauchemar expressionniste du premier Alien. Ce n’est que plus tard que nous comprenons le lien – discutable – avec ce mythe, Scott ayant demandé à Giger de s’inspirer d’une œuvre de Francis Bacon (Three Studies for Figures at the Base of a Crucifixion) pour la conception du chestbuster.
Heureusement, Philippe prend le temps de nommer les multiples inspirations de Dan O’Bannon qui vont de la BD à des films comme It! The Terror from Beyond Space et Planet of the Vampires (voir notre dossier sur le space opera horrifique), sans compter l’incontournable H.P. Lovecraft. Le maître de Providence est clairement la pierre angulaire qui réunit le scénariste et Giger. Le documentaire confirme d’ailleurs à quel point l’apport de ce dernier – dont la participation est au départ contesté par la Fox – a été majeur dans la réussite artistique du film et la sacralisation de sa singulière créature.
Heureusement, Memory n’oublie pas de mentionner l’épisode concernant le projet avorté de Dune d’Alejandro Jodorowsky, qui a eu une influence indéniable sur l’industrie du cinéma et qui a permis à plusieurs artistes européens comme Mœbius de percer le marché américain, même si l’anecdote est rapidement éludée.
Si plusieurs intervenants sont captivants à écouter, particulièrement la femme de Dan O’Bannon (le scénariste est décédé en 2009), on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine déception à la vue de Memory. Ridley Scott qui a refusé de participer à ce documentaire, n’apparaît qu’à travers des extraits d’entrevues issues d’archives. Pire, à aucun moment Sigourney Weaver, qui a également décliné l’invitation, n’intervient dans le film. Il reste la présence des acteurs Tom Skerritt et Veronica Cartwright qui apporte des informations intéressantes, mais cela ne suffit pas à combler le vide laissé par le réalisateur et l’actrice.
Le documentaire définitif sur Alien reste donc à faire, ce qui est de moins en moins probable avec la disparition de ces principaux artisans, mais Memory: The Origins of Alien demeure un exercice intéressant et une belle lettre d’amour pour Dan O’Bannon.
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