White Noise de Noah Baumbach est une comédie noire basée sur le roman de Deon Delillo du même nom. Le film a eu sa première au 79ième Festival international de films de Venise plus tôt cet été, et une sortie limitée en salle de cinéma le 25 novembre est planifiée avant sa sortie sur Netflix le 30 décembre 2022. Le Festival du nouveau cinéma nous le faisait découvrir d’avance chez nous.
Jack Gladney (Adam Driver), professeur d’étude hitlérienne, mari de Babette (Greta Gerwig) et père de quatre enfants, est confronté à une catastrophe qui secoue son monde. Un terrible accident répand une substance toxique dans l’air, la panique et le chaos qui s’en suivra lui feront remettre en question plusieurs convictions.
White Noise est un film complexe, qui adapte un roman dit inadaptable. Noah Baumbach, qu’on connait pour ses comédies dramatiques (Squid and the Whale, Marriage Story) s’est attaqué à une tâche dantesque en adaptant le roman de Delillo.
Le film n’est pas sans qualités, loin de là. Le jeu des acteurs est remarquable. Adam Driver est parfois tout bonnement hilarant avec ses grimaces et regards quasi-caméra. Greta Gerwig est touchante, et le reste de la distribution est aussi très commandable. La direction photo est dynamique et rend le récit agréable à suivre visuellement. L’humour, lorsqu’il fait mouche, est aussi bien saluable. La vibe 80s du film s’avère donc très crédible, aidée par une direction artistique avec un grand souci du détail (des épiceries colorées et fournies, en veux-tu en voilà!) et, un élément qu’on oublie parfois aussi souvent, des costumes assez justes.
Là où ça va moins bien, c’est au niveau du scénario. Le film est verbeux et tout le monde parle un par-dessus l’autre, une espèce de chaos qui rappelle Mother! de Darren Aronofsky ou le pire des mumblecores. Tous les personnages ont des commentaires de finfinauds à dire, chaque tirade étant un gros clin d’œil peu discret aux téléspectateurs ayant l’air de dire: «ils sont bien ficelés mes dialogues, hein?». Les conversations philosophiques et les envolées lyriques sur Hitler ou Elvis font certes expulser de l’air par les narines et esquisser un sourire, mais sans plus. Où va-t-on? Et pourquoi? Le chaos général du film additionné des dialogues éreintants atteint un paroxysme avec les ruptures de ton pas toujours bien amenées.
L’incident du début n’était en fait qu’un leurre, le film s’en désintéresse assez rapidement pour nous servir une histoire de mystérieux médicament, de la peur de la mort et de l’angoisse de la vie en général. Résultat: nous peinons à suivre le film et comprendre ce qu’il attend de nous.
White Noise est une satire qui dépeint la société américaine comme profondément névrosée et qui critique la surconsommation. Si, en 1985, ce sujet était étonnant de fraicheur, en 2022 le tout fait moins frais.
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