Imaginer un remake du chef-d’œuvre Teorema de Pasolini remanié par le maître de la controverse canadien Bruce LaBruce (Gerontophilia, L.A. Zombie) avait de quoi causer des cauchemars aux plus puritains et un éblouissement prématuré chez les fans des deux cinéastes. The Visitor débarquait ce week-end au Festival du nouveau cinéma et a certainement causé quelques malaises lors de sa première canadienne.
Un mystérieux extraterrestre transformera la vie des membres d’une famille bourgeoise en les séduisant et en poussant leur libération sexuelle à l’extrême.
C’est de par ses outrances, son inquiétante étrangeté, son surréalisme, son montage tonitruant et sa soif de subversion que The Visitor trouve une certaine corrélation avec l’horreur.
Le scénario reprend ici le canevas entrevu chez Pasolini, présentant une famille embourgeoisée subissant une épiphanie suite à la visite d’un jeune homme. Cela dit, les références politiques, historiques et religieuses de The Visitor manquent de nuances et de sens. LaBruce demeure un cinéaste inaccessible et marginal, ce qui implique que la plupart des messages de liberté qu’il lance seront vus par des gens convertis, adeptes de son cinéma, alors qu’un long métrage engagé de la sorte aurait eu avantage à étendre son public.
Ce collage très léché de scènes érotiques semble si désespéré à vouloir nous provoquer — ou nous dégoûter — qu’il en oublie de renouveler les questionnements amenés dans la version originale de 1968. Évidemment, cet étranger va se farcir la maisonnée au complet, en plus de générer des scènes d’orgies incestueuses qui jurent un brin avec cette idée d’émancipation bienfaitrice. Le scénario inexistant n’est qu’un prétexte pour multiplier les scènes scatologiques, de profanations religieuses ou pornographiques qui ennuient davantage qu’elles fâchent.
On peut percevoir certaines touches stylistiques à la réalisation de LaBruce, mais celles-ci s’engouffrent dans la redondance des mêmes effets. On a réellement l’impression de regarder un film pour adultes qui recycle les mêmes plans à des fins d’économie. Quant aux acteurs, ces derniers offrent des copulations dans le ton et se contentent d’offrir des simagrées risibles le reste du temps.
Au final, ce qui frustre le plus de The Visitor, c’est qu’il surfe sur le nom d’un auteur de génie comme Pasolini pour nous offrir une œuvre sans réelle saveur. Le film a, certes, le mérite d’être très audacieux, mais il est déplorable que ses outrances ne servent aucune cause actuelle. Visitor Q de Takashi Miike demeure une relecture plus inspirée du maître italien.
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