probleme dinfiltration

Horreur Québec : la résurrection – Rétrospective d’Amy – « Le problème d’infiltration »

Je suis Amy Rioux, jeune adulte au début de sa vingtaine, je suis passionnée par l’horreur, certes, mais par le cinéma et la littérature de manière plus générale. J’ai toujours le nez plongé dans un bouquin, c’est ma manière à moi de me déconnecter du stress du quotidien. Je suis actuellement en quatrième année universitaire. Dans quelques mois, je terminerai mon baccalauréat par cumul en arts à l’UQAM et je suis actuellement au certificat en études féministes. J’espère, à travers mes articles, vous faire voir de nouvelles perspectives aux films que vous aimez déjà et ceux qui conquerront vos cœurs dans les prochains temps, vous les faire (re)découvrir sous l’angle du féminisme.

moi

Ce qui est étrange dans mon cas, c’est que je suis une grande anxieuse. À 7 ans, je faisais des crises de panique la nuit parce que j’avais peur de ne pas me réveiller le lendemain matin. Rien ne me prédestinait à devenir une grande fan d’horreur. J’ai eu peur de me lever pour aller aux toilettes la nuit jusqu’à très tard dans ma vie. Je pense que je terminais le secondaire quand j’ai arrêté de sprinter entre ma chambre et la salle de bain pour ne pas que les monstres me rattrapent. Ça ne m’a pas empêché, comme bon nombre d’entre nous (je crois bien), de me réfugier dans les sous-sols de mes ami·e·s pendant mon adolescence pour me laisser traumatiser par les Samara, les Anabelle et autres entités maléfiques. Je passais des semaines à faire des cauchemars, mais ça valait le coup : j’aimais trop les frissons que j’avais devant l’écran.

Puis, un jour, j’ai décidé d’être sage. J’ai arrêté de regarder ces films qui me rendaient littéralement malade. J’ai passé des années loin des histoires de paranormal, de fantôme et de sang. Mais comme on dit: « chassez le naturel et il revient au galop ».

En 2021, je suis au cégep et je participe à la délibération finale du Prix collégial du cinéma québécois. Évidemment, c’est en ligne – la pandémie l’oblige –, ça n’a pourtant pas empêché les organisateurs de nous préparer une soirée cinéma à distance, et c’est là que mon univers a basculé. Dans mon écran, Gildor Roy jouait un bandit têtu. Je venais de faire la rencontre du cinéma de Robert Morin. Aussi étrange que ça puisse paraître, il a été ma porte d’entrée dans l’univers de l’horreur; il m’a donné l’envie de retrouver ces frissons que j’avais adolescente.

pb infiltration

Après Requiem pour un beau sans-coeur, j’ai dévoré ses films les uns après les autres. Je jubilais devant le malaise, les jeux de caméra, l’humour noir et surtout devant ces personnages tous plus colorés les uns que les autres. J’ai fini par tomber sur Le problème d’infiltration. Je me souviens de l’effervescence avec laquelle je découvrais ces six faux plans séquences, les frissons de dégoût devant l’horreur du personnage joué par Christian Bégin, mon choc devant cette première scène dans le bureau du médecin. J’avais 18 ans et Robert Morin venait de raviver ma flamme pour l’horreur. Je venais de comprendre que l’horreur, c’était bien plus que des jump scares, du sang ou des personnages tapies dans l’ombre. L’horreur, c’est aussi celle que l’on crée et que l’on perpétue en tant qu’humain. Morin m’a insufflé sa fascination pour l’horreur humaine.

Dans ce film, Morin nous offre des prouesses cinématographiques à travers les mouvements de caméra, les éclairages et ces faux plans séquences qui ont pourtant l’air si réels. Bien que je ne sois pas la plus grande fan du jeu d’acteur de Christian Bégin en général, je dois avouer que son ton hautain sert bien le film. On prend plaisir à le détester. Il est une crapule de la pire espèce et Morin n’y va pas de main morte pour nous le montrer. Entre les commentaires odieux du personnage, l’agression sexuelle de sa femme et son antipathie pour ses patients et ses amis, le réalisateur nous rend la tâche facile quant à la haine que l’on éprouve pour le personnage. Dans son film, Robert Morin joue avec les codes de l’horreur par sa mise en scène et c’est à couper le souffle. C’est un film glaçant et étrange, duquel on ne ressort pas indemne.

Infiltration photo 2

Aujourd’hui, j’en suis à la fin de ma quatrième année universitaire, j’accumule les certificats et les devoirs s’empilent, mais Morin reste ma parenthèse dans le temps. Quand tout va trop vite, que je m’essouffle, c’est auprès de ces images que je prends le temps de respirer.

Zeen is a next generation WordPress theme. It’s powerful, beautifully designed and comes with everything you need to engage your visitors and increase conversions.