Je suis Miguel de Plante, et je m’avoue dépendant à la critique. Il m’est rendu presque impossible, et c’en est maladif, de consommer quelconque œuvre sans prendre le temps de développer mon opinion et mon analyse par la suite.

Depuis la pause de Horreur Québec, j’ai d’abord passé quelques semaines, immobile au milieu de mon appartement, tel un personnage de Sims abandonné par le joueur. Après un long temps d’attente, j’ai fait l’expérience d’essayer de consommer du cinéma d’horreur, cette fois-ci sans pouvoir en parler sur ma plateforme habituelle juste après. Ce fut un excellent moment pour moi d’enfin découvrir davantage le folk horror, que je laissais de côté depuis bien trop longtemps.
Le folk horror est un sous-genre méconnu de l’épouvante, mais il a tout de même un impact non-négligeable sur toute la planète depuis des décennies. Ce style, fondamentalement lié aux rites païens, aux mythes folkloriques locaux et aux croyances obscures, fut et demeure encore une manière pour tous les peuples du monde d’affirmer leur rapport à la nature, leurs craintes face à la modernisation et la colonisation, et ce, tout en utilisant la force de leur culture locale. Aujourd’hui, plusieurs œuvres de folk horror sont connues du grand public, notamment les plus récentes Midsommar (Ari Aster) et The Witch (Robert Eggers), pour ne nommer que les plus populaires. Mais le sous-genre est tout de même vivant, même si peu connu des cinéphiles, depuis longtemps. C’est là que la réalisatrice Kier-La Janisse intervient, et sort en 2022 le coffret All The Haunts Be Ours, sous la bannière de Severin.

La collection de films se veut une initiation au folk horror sous toutes ses formes. C’est en tout 19 longs-métrages internationaux, accompagnés d’ une poignée de courts-métrages, de documentaires, d’analyses et d’essais critiques répartis dans un livre de 126 pages, qui nous sont proposés. Bien que la qualité des œuvres demeure inégale (ce sous-genre inclut bien souvent des films réalisés avec de très faibles budgets et des équipes bien souvent inexpérimentées), quelques pépites du genre sont tout de même à découvrir. On pense notamment à Witchhammer, réalisé en 1970 par le Tchèque Otakar Vávra, qui traite avec provocation et maîtrise de l’Inquisition et de la chasse aux sorcières, dans une mise en scène tellement époustouflante qu’on se demande pourquoi l’oeuvre n’a pas eu la reconnaissance mondiale qu’elle mériterait.

Le contenu, le genre et le traitement des œuvres sont variés, et le coffret nous offre une mine de curiosités, ainsi qu’un accès à des films qu’on n’aurait peut-être jamais rencontrés sans le travail de recherche de Kier-La Janisse. La réalisatrice se permet d’ailleurs d’ouvrir le programme avec la présentation de son propre documentaire Woodlands Dark and Days Bewitched, une exploration de plus de trois heures qui retrace l’histoire du folk horror.
All the Haunts Be Ours, bien qu’inégal, demeure une pièce de collection nécessaire à tout cinéphile qui apprécie l’horreur, et qui est curieux de découvrir des œuvres différentes et méconnues. C’est également l’occasion d’explorer la culture de plusieurs communautés qui ont su utiliser le médium pour transmettre leurs croyances et leurs craintes profondes, parfois de manière viscérale, crue et unique. Le succès de la parution du coffret chez Severin aura depuis motivé l’équipe à récidiver, en 2023, avec la sortie d’un second volume (savamment appelé All the Haunts Be Ours : Vol.2), qui contient 24 nouvelles découvertes.
Au programme dans mon salon pour les prochains mois!
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