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Horreur Québec : la résurrection – Rétrospective de Rachid : « Saw »

…. le jeu continue toujours et encore!

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Critique ciné tout terrain, je navigue entre tous les genres… mais mon cœur, lui, a signé un bail à durée indéterminée dans la maison de l’horreur. J’ai un faible (ok, une obsession) pour les bijoux venus du Japon et de la Corée — ceux que Hollywood aime tant copier sans jamais vraiment égaler. Si ça vient d’Asie et que ça fout les jetons sans lever la voix, je suis déjà conquis.

J’aime les sensations fortes, les films qui prennent leur temps pour mieux t’étrangler à la fin, et je l’avoue : je déteste qu’on prenne le spectateur pour un idiot. Il y a déjà assez d’algorithmes et de TikToks pour ça.

Mon parcours est aussi éclectique qu’un marathon de films d’horreur des années 70 (que vous devriez déjà tous avoir vus, soit dit en passant). Et c’est avec cette même énergie, entre passion brute et regard affûté, que je rejoins l’équipe d’Horreur Québec. Préparez-vous à des critiques qui piquent un peu — mais toujours avec amour.

Moi qui cherche la salle de rédaction d’Horreur Québec

…Et le traumatisme fut

Dans ma petite vie cinéphile, il y en a des films qui me sont restés dans la rétine. Une action, un personnage ou un dialogue s’impriment parfois, pour des raisons irrationnelles, dans l’inconscient pour s’y loger indéfiniment. Nombre de ces films sont du genre horrifique ou des thrillers psychologiques qui défient sérieusement l’éthique. Cependant, il y en a forcément un qui sort du lot, un qui à chaque fois son nom prononcé fait jaillir un souvenir bien précis, détaillé aux images immaculées. Pour ma part, ce film, c’est Saw et même la saga Saw. Et en entendant dire qu’il y aurait un Saw XI pour 2025, mon impatience malsaine et mon traumatisme n’ont fait qu’un seul tour dans mon sang pour me pousser à regarder de nouveau le premier. 

Saw

Pourquoi? Peut-être parce que je l’ai regardé à un âge fortement déconseillé, peut-être parce que c’est l’un des premiers qui m’a chamboulé et peut-être aussi que c’est l’un des premiers films à m’avoir laissé attendre le soleil pour pouvoir dormir.

Loin de moi de dire que le film est un chef-d’œuvre, ou un classique, mais tout de même sa sortie en 2004 a créé un petit séisme. Fait avec deux bouts de bois, Saw fera l’un des plus gros braquages au box-office rapportant à sa sortie 50 fois son budget. Au passage, il fit rentrer son réalisateur James Wan dans le giron hollywoodien.  

Et ce jeu-là, c’est celui de la renaissance d’un genre. Car il faut bien le dire : en 2004, le cinéma d’horreur était en petite forme. Entre remakes paresseux et screamers sans âme, le frisson s’était fait frileux. Et puis débarque Saw, petit OVNI fauché, tourné en 18 jours dans un décor quasi unique, avec une ambiance de cave à humidité garantie. Et pourtant, malgré ses moyens limités, Saw impose une tension, une atmosphère, et surtout un twist final qui deviendra, en partie, l’une de ses marques de fabrique.

On va jouer à un jeu… macabre

Ce qui fait l’intérêt de Saw, ce n’est pas juste le sang (même si, soyons honnêtes, il y en a), c’est ce jeu mental, ce piège psychologique où chaque choix compte, où chaque décision est un test moral tordu. Car derrière les mécanismes rouillés et les cris désespérés, il y a une idée : celle que les victimes sont là pour « apprendre quelque chose ». Rien que ça. On peut discuter la pédagogie, certes, mais il faut avouer que ça change des tueurs sans motivation autre que le plaisir de découper à la tronçonneuse.

Vous n’avez que ce que vous méritez…

Et c’est là que Jigsaw entre en scène. Ou plutôt, en cassette audio. John Kramer, alias Jigsaw, ingénieur infortuné avec lequel la vie a décidé « de jouer à un jeu ». Il ne tue pas directement, non non, il teste. D’ailleurs, Tobin Bell, l’acteur qui incarne Jigsaw, le martèle à qui veut l’entendre : Jigsaw n’est pas un tueur. Il refuse même catégoriquement cette étiquette. Ce qu’il fait, selon lui, c’est offrir un choix : vivre ou mourir. Et si vous mourez, c’est parce que vous avez échoué. Un darwiniste moraliste, persuadé qu’on ne mérite la vie que si on en mesure pleinement la valeur.

Cette figure de Jigsaw, c’est toute la force du film. Un tueur sans machette, sans course-poursuite, sans masque grotesque (bon, sauf la poupée en tricycle, mais elle a son charme). Il parle peu, mais ses jeux parlent pour lui. Et ça suffit pour en faire une icône. Aujourd’hui, il fait partie de la pop culture.

Le plus fou? Saw n’était pas censé devenir une franchise. C’était un one-shot, un coup de poker. Mais face à son succès monstre, Hollywood a fait ce qu’Hollywood fait de mieux : une suite. Puis une autre. Puis une autre. Et maintenant? On en est à Saw X. Dix films. Dix. Une décennie de pièges de plus en plus baroques, de justifications morales de plus en plus tirées par les cheveux, et de timelines plus alambiquées qu’un épisode de Dark.

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Jeu, set et match mortel

Est-ce que tout est bon dans la saga? Clairement pas. Certains épisodes flirtent dangereusement avec l’autoparodie, et la logique interne devient parfois aussi fragile qu’un os dans un mécanisme de Jigsaw. Mais au fond, c’est ce qui rend l’ensemble attachant. C’est une saga qui a ses règles, son univers, ses rituels. Comme un feuilleton morbide où on revient pour voir jusqu’où ils vont aller cette fois. Spoiler : toujours trop loin.

Ce qui est fascinant, c’est que Saw a redéfini un sous-genre à lui tout seul : la torture porn. Pas le plus glorieux des termes, mais il faut reconnaître que l’influence a été massive. Après lui, une flopée de films a tenté de reproduire la recette : des pièges, de la sueur, des dilemmes, et des litres de ketchup. Peu y sont vraiment arrivés, car Saw, malgré sa violence, a toujours eu ce petit supplément d’âme (ou de sadisme cérébral, c’est selon).

Et si on revient au premier film, il reste aujourd’hui encore étonnamment efficace. Son huis clos oppressant, ses acteurs (mention spéciale à Cary Elwes qui passe de flegmatique à hystérique en 90 minutes chrono), et son final iconique – avec cette musique qui lui est indissociable en font une expérience mémorable. Un film qui a su faire beaucoup avec peu, et marquer au fer rouge une génération de spectateurs.

Alors oui, Saw, c’est glauque. Oui, c’est parfois bancal. Mais c’est aussi une prise de risque, une proposition forte, et un succès mérité. On y revient avec une forme de tendresse étrange, comme pour une vieille cicatrice dont on se souvient avec un sourire un peu gêné. Et tant qu’il y aura des gens pour dire « I want to play a game » en imitant la voix de Jigsaw, on pourra dire que ce film-là a gagné sa place dans la culture pop.

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