La réputation de Robin Aubert n’est plus à faire auprès des amateurs de cinéma de genre québécois. Après Les Affamés et son succès populaire et critique, le réalisateur également à la barre de l’incroyable À l’origine d’un cri fait indéniablement partie des grands du milieu. À l’occasion de cette semaine thématique sur les films québécois, il va donc de soi de revenir sur ses premiers pas dans le monde du cinéma bis, l’aujourd’hui culte Saints-Martyrs-des-Damnés.
Parti enquêter sur des disparitions étranges dans un petit village perdu du Québec, le journaliste Flavien Juste (François Chénier, Radio Enfer, l’Imposteur) se retrouve, malgré lui, mêlé à une histoire de complot et de meurtres sordides qui feront resurgir les éléments les plus terribles et problématiques d’un passé dont il ne se doutait pas de l’existence.
Ce résumé, il se veut un brin cryptique, car une bonne partie du plaisir du film est de tenter de dénouer le mystère qu’il nous présente en même temps que le personnage principal. En effet, a contrario de nombreux long-métrage flirtant avec l’horreur, le scénario de Robin Aubert n’est pas prévisible et certainement pas sans intérêt. Bien qu’un peu cliché à certains moments, il reste une des très grandes forces du projet, admirablement livré par tous les interprètes de talent au sein de la distribution. Isabelle Blais, Monique Mercure, Monique Miller, Sylvie Boucher ne sont que quelques-uns des grands noms rattachés au film qui crée en plus la surprise avec son utilisation d’acteurs connus tels que Patrice Robitaille et surtout Alexis Martin dans un contre-emploi particulièrement réussi.
Une autre force du film est son ambiance extrêmement mémorable, servie par des décors et une photographie travaillée empruntant aux meilleurs de la série B mondiale. Le tout est rehaussé par une bande originale signée Yves Desrosiers (La sale affaire, Rufus Wainwright), toute en slide-guitar et en sonorités industrielles offrant un cachet unique au projet, qui se paye en plus le luxe d’avoir des effets spéciaux impressionnants. Ceux-ci, que ce soit au niveau du design de la créature finale ou au niveau des multiples plans oniriques sont particulièrement réussis pour un métrage au budget si étouffant. Plusieurs scènes marquent les esprits et restent en tête longtemps après le visionnement du film.
Bref, Saints-Martyrs-des-Damnés est un film qui n’a injustement pas rencontré son public à sa sortie, mais qui mérite clairement l’attention de tous les amateurs de films de genre originaux. Un genre de flirt entre un Jordan Peele, de la science-fiction et un film poisseux à la Rob Zombie. À redécouvrir sans hésiter!
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