Dû au réchauffement climatique, des amas de truffes noires se multiplient dans les sols d’Hochelaga-Maisonneuve. Devenue une denrée rare, le couple formé d’Alice et Charles (Céline Bonnier et Roy Dupuis) en feront profiter à la clientèle de leur restaurant jusqu’à ce que la diabolique madame Kinsdale (Michèle Richard) tentera de prendre le contrôle mondial de la production en éliminant impitoyablement la compétition.
Présenté en grande primeur lors de l’ouverture du Festival Fantasia le 3 juillet 2008, ce deuxième long-métrage de Kim Nguyen faisait suite à son excellent Le marais de 2002. Malheureusement, Truffe n’a pas fait l’unanimité auprès du public et des critiques plutôt mitigées et fait ainsi, encore à ce jour, partie des films obscurs de la filmographie du réalisateur ainsi que celle du cinéma québécois.
On devinera par son synopsis que nous nous retrouvons ici à une époque fictive où science-fiction et fantastique se flirteront à plusieurs reprises. Rappelant souvent les films d’horreur de série B des années 50-60, le scénario de Nguyen se laisse dévorer par son originalité et son audace et va où le Québec n’avait jamais osé aller auparavant. Parsemé d’humour noir, cette histoire disjonctée, somme toute assez simple, est gracieusement transposée à l’écran surtout grâce à la superbe direction photo de Nicolas Bolduc (Enemy, Rebelle), avec un magnifique noir et blanc qui vient compléter cet hommage aux vieux films de genre. Réalisé avec minutie, on ne veut surtout pas louper les magnifiques plans se déroulant dans le bureau de madame Kinsdale, où la symétrie domine à en faire rougir Wes Anderson.
Un distribution sympathique où Roy Dupuis (Mémoires affectives), égal à lui-même, domine en duo avec Céline Bonnier (Monica la mitraille), et où Michèle Richard (La postière) et Jean-Nicolas Verreault (La loi du cochon) amusent dans le rôle des «méchants androïdes» et leurs bestioles assassines, entourés de Pierre Lebeau (Séraphin: un homme et son péché) et Danielle Proulx (C.R.A.Z.Y.).
Un court-métrage aurait peut-être été de mise pour ce film où quelques scènes trainent parfois en longueur (une version écourtée de 59 minutes par le réalisateur est d’ailleurs disponible sur le DVD). Or, on ne peut reprocher à cet ovni du cinéma québécois d’avoir osé et, surtout, d’avoir réussi à embarquer notre diva nationale dans un projet aussi bizarroïde où le spectateur décide ou pas de sortir de sa zone de confort. Une comédie noire où le fantastique, l’horreur, l’incohérence et la folie forment ce délicieux et unique champignon magique.
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