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[Jeux vidéo] « Alan Wake 2 » : un succès sombre et somptueux

De nos jours, surprendre le public demande une quantité d’efforts considérables. Avec le nombre de livres, de jeux et de médias qui usent de conventions déjà établies, utilisées et même réutilisées constamment, il peut se prouver difficile, voire quasi impossible, de faire quelque chose de 100 % original. Cependant, une œuvre réussit parfois à se démarquer grâce à son ambition, à divers moyens et à un brillant mélange de familiarité. C’est le cas d’un jeu bien particulier : Alan Wake 2, qui est paru en octobre dernier.

Treize ans après les événements survenus à Bright Falls, une agente du FBI nommée Saga Anderson se voit affectée à une affaire des plus sordides. Cultes, écritures prophétiques, sacrifices, monstres et noirceur sont de mise dans la petite ville, le tout apparemment affilié d'une façon mystérieuse à un écrivain disparu depuis longtemps, Alan Wake.

Le plus grand atout du jeu lui-même, dès le départ, est son histoire et son univers. Ramenant plusieurs éléments du premier jeu et même de son univers partagé avec le jeu Control (qui est d’ailleurs fortement recommandé), la compagnie Remedy présente quelque chose d’autant inspiré de Lovecraft que de diverses sources telles que Stephen King, sans sacrifier pour autant les idées originales qui pimentent le tout. La Noirceur comme entité et la réappropriation et l’appropriation de la réalité, d’un point de vue figuratif et littéral, ne sont qu’une poignée de concepts et de thèmes abordés par Alan Wake 2. Le jeu prend des directions auxquelles on pourrait s’attendre, puis livre des résultats surprenants, chaotiques et chamboulés grâce à ses deux protagonistes qui tentent de comprendre ce qui se déroule pour pouvoir ensuite l’arrêter.

On incarne ici, en effet, deux personnages : l’agente Saga Anderson ainsi que l’homme éponyme, Alan Wake lui-même. Les deux histoires se suivent, s’emboîtent et s’emmêlent pour peindre une fresque des plus rocambolesques, dotée de multiples niveaux d’interprétation. Des perspectives ambigües ainsi qu’une multitude de découvertes sur Bright Falls et sur Alan Wake se mélangent pour permettre un investissement aux joueur·euse·s, rendant le mystère et les événements encore plus énigmatiques. Les différences de points focaux, de méthodes d’enquêtes, de détails et d’environnements rendent chacune des trames narratives aussi intéressantes les unes que les autres.

Un autre point fort d’Alan Wake 2 est l’ambiance, un élément toujours crucial de l’horreur. La forte utilisation des « Taken », des êtres possédés par la Noirceur, et des manifestations de The Dark Place, sortes de noirceurs anthropomorphes, ainsi que l’absence de musique en contraste avec son utilisation rendent les entourages claustrophobes particulièrement efficaces. Le sous-sol d’une résidence pour personnes âgées, un vieil hôtel désaffecté, les bois lugubres, un parc d’attraction qui a vu de meilleurs jours : une grande variété s’offre à nous, pour le plus grand bonheur des fanatiques de terreur. Une mention spéciale pour la musique se doit d’être mise de l’avant. Le groupe fictif Old Gods of Asgard, de retour de l’opus précédent et référencé dans Control, offre en effet les meilleurs passages. Celles et ceux qui ont effectivement fini le jeu sauront exactement de quoi on parle.

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Alan Wake 2 frôle la perfection sur certains niveaux, mais beaucoup moins sur d’autres. La jouabilité ainsi que les combats laissent parfois un peu à désirer. Quoique somme toute très compétents, on sent une touche d’inspiration de Resident Evil 4 ici au niveau de la présentation ainsi que des mécaniques, mais en amenant beaucoup plus le côté survie du genre Survival Horror. Les ennemis sont rapides, prennent une grande quantité de ressources à tuer et ont souvent la fâcheuse tendance de surgir d’angles morts, ce qui pourrait décevoir ou frustrer les friand·e·s d’action. À moins de jouer à une difficulté moindre, de nombreux essais et erreurs seront requis tout au long de l’expérience, à grands coups de morts soudaines.

Un autre aspect plutôt décevant, quoique logique malgré tout, est l’omniprésence de la noirceur et des ombres. À la luminosité suggérée au tout début du titre, une sorte de faible lumière accompagne les joueurs malgré la lampe de poche, les lanternes et même les rayons du soleil, obligeant parfois à s’éclairer même en plein jour. Dans certains environnements tels que les forêts, les ennemis deviennent ainsi très difficiles à trouver, ce qui n’aide en aucun cas les séquences de combats et de survie. Juxtaposé à un nombre très, voire trop généreux, de jump scares, l’ensemble procure un degré de difficulté moins justifié et plus artificiel à l’expérience.

Malgré ces quelques bémols, Alan Wake 2 est une réussite globale. Il offre un vent de fraîcheur et de noirceur pour les fans d’horreur et de jeux proposant des moments de créativité autant loufoques que lugubres. Un vrai bon jeu vidéo!

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
de Lovecraft
de surréel
de thèmes créatifs
4
Note Horreur Québec

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