Grunn, des développeurs Sokpop Collective, est un drôle de titre. Le synopsis du jeu néerlandais sorti le 4 octobre dernier suggère fortement qu’il s’agit ici d’un jeu de jardinage dans un petit village des Pays-Bas, tout ce qu’il y a de plus normal. Il s’agit évidemment d’un leurre peu dissimulé quant à sa véritable nature; un mélange de genres aussi audacieux que complètement loufoque.
Vous venez de vous faire engager pour un petit boulot de jardinage. Vous avez deux jours pour trouver vos outils de travail et remplir vos obligations... et éviter de mourir, par la même occasion. Ne donc pas se laisser distraire par la maison de votre employeur, les nains de jardin et autres phénomènes.
Dire que Grunn n’est qu’un jeu de jardinage serait le réduire à quelque chose de simple, un qualificatif qui ne s’applique pas. Empruntant à des éléments du genre, il s’agit en réalité d’un énorme casse-tête où le temps est compté. Les heures et les minutes qui défilent dans le jeu demandent aux joueuses et aux joueurs de se familiariser avec l’emplacement, le temps et les éléments du petit village où notre personnage travaille étant influencé par les divers moments des jours. Sans gâcher les surprises, il s’agit plus d’un mix entre Groundhog Day ou son équivalent vidéoludique d’une certaine époque, Legend of Zelda : Majora’s Mask.
L’utilisation non seulement de notre capacité mémorielle, mais aussi de l’expérimentation continue pour tout découvrir permet d’entrevoir la complexité de l’énigme ainsi que la vérité derrière ce qui se trame. Chaque moment compte, chaque découverte en permet une autre et tout décortiquer procure un certain plaisir alors que la présentation pour le moins simpliste, tel un jeu paru pour la première PlayStation, mais avec plus de couleurs pastel, offre quelque chose d’unique au titre.
Les visuels, l’approche unique du récit par l’entremise d’une fausse prémisse et l’exploration enveloppent cependant le jeu dans une ambiance plus satirique qu’effrayante. Malgré l’utilisation de jump scares, de sous-entendus horribles et terrifiants et d’éléments surnaturels glauques, Grunn peine à être véritablement terrifiant. La balance penche beaucoup plus sur l’humour et un surréalisme sous-jacent que sur l’horreur, les deux approches n’étant pas menées à leur plein potentiel dû à un contraste qui ne paraît pas toujours volontaire.
Avec ses onze finales différentes à chercher à coup d’essais-erreurs, le titre finit cependant par devenir un peu répétitif. Les éléments interactifs et les possibilités deviennent plutôt restreints une fois qu’elles sont comprises. Le petit village perd un peu de son charme après un certain nombre de tentatives à élucider le mystère, surtout avec l’absence de dialogues et de véritables interactions avec les habitants pour diversifier l’ensemble. Bien qu’amusant au départ, l’effet de nouveauté tombe plus rapidement qu’espéré.
En tant que petit jeu indépendant, Grunn est, au final, charmant avec sa panoplie d’idées saugrenues et amusantes, mais peine à faire durer le plaisir. Court, mais avec un léger manque d’objectif et d’ambition, le jeu reste sympathique et plaisant sans pour autant être ni grandiose ou révolutionnaire. Compétent, mais sans plus.
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