Silent Hill 2 aura laissé des marques sur le domaine du jeu vidéo d’horreur. Son approche plus psychologique, son ambiance glauque et minimaliste, couverte de brume, et même quelques-unes de ses mécaniques auront été émulées maintes fois à travers des générations de consoles. Un petit dernier, Hollowbody du studio indépendant Headware Games ne se cache pas de l’hommage au titre mythique de Konami… mais comme plusieurs imitateurs, certains donneront de meilleurs résultats que d’autres.
Dans un futur rapproché où l'humanité s'est vue forcée de quitter ses villes et villages après une catastrophe à l'origine suspecte causant multiples morts, une chercheuse du nom de Sasha disparaît en tentant de découvrir la vérité. Sa partenaire Mica est sur l'affaire, mais se retrouve perdue après un accident dans une petite ville britannique près de la côte où Sasha a disparu. L'endroit cache cependant bien des mystères... et des monstres.
Dès le début, l’atmosphère oppressante et nébuleuse rappelle le ton de la référence que les développeurs tentent de simuler avec cet hommage. Autant les environnements, les maisons et blocs appartements délabrés et autres éléments des décors suggèrent une solitude pesante qui amène une lourdeur, mais aussi un vécu aux emplacements visités. Des choses terribles se sont produites dans le petit bourg qu’est Barnsdon où l’histoire se situe. Les nombreuses morts, l’information sur leurs décès qu’on voit défiler à l’écran au fur et à mesure que l’exploration progresse, même la misère réussissent tous à construire une ambiance inquiétante, l’une des forces de Hollowbody.
Le résultat du récit, de son côté, est plutôt mitigé. Bien qu’efficace par moments, surtout pour celles et ceux qui aiment bien chercher et connecter tous les points et les informations acquis, une certaine ambiguïté plane sur plusieurs des éléments importants. Dans certains cas, cela peut devenir une force, mais l’absence de réponses et de clarté peut heurter la narrative. L’essentiel de l’histoire de Hollowbody est assez efficace, compétent même, mais sans nécessairement être incroyable et novateur.
Un élément qui peine, par contre, est le combat. La variété d’ennemis est limitée et une certaine rigidité des mouvements du protagoniste font des affrontements une plaie en ce qui concerne le rythme. Bien qu’une difficulté ajustable peut proposer une focalisation sur la découverte et l’histoire, celles et ceux qui voudront tenter l’expérience suggérée seront déçu·e·s par des antagonistes lents, des gestes archaïques, autant par notre héroïne que les monstres, ainsi qu’un manque de fluidité pour l’ensemble.
Effectivement, le personnage de Sasha se contrôle un peu mal. Avec des points de vue de caméras fixes comme les vieux jeux d’horreur et une mobilité peu agile, on sent que le personnage est entravé par quelque chose d’invisible, mais peu plaisant, comme si notre protagoniste était un brin rouillée. Cumulant avec de larges environnements parfois un peu vides, comme les rues de la petite ville de Barnsdon, cela rend le point faible encore plus évident et particulièrement désagréable par moments.
Malgré quelques bonnes intentions et une atmosphère fort bien réussie, Hollowbody se voit trop ancré dans la nostalgie de l’ancienne ère d’un titre narrativement encore fort, mais pas mécaniquement. Rendre hommage à Silent Hill 2 est louable, mais tenter de le copier sur certains points qui ont été améliorés par des années de programmation et de design plus accomplis rend l’expérience d’Hollowbody un peu creuse et pas tellement satisfaisante.
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