Il fut un temps où la franchise Silent Hill était quasi inégalée du côté de l’horreur psychologique. Malgré plusieurs échecs, la compagnie Konami tente une nouvelle fois de ramener la série au front de l’esprit des joueur·euse·s qui apprécient une terreur et ambiance différente que celle offerte par des titres tels que Resident Evil et Dead Space. Silent Hill : The Short Message, un court jeu gratuit offert sur Playstation 5, se voit un peu comme le fer de lance d’une initiative de renouvellement; un nouveau départ pour Silent Hill. Suscite-t-il l’intérêt ou l’ennui?
Dans un immeuble d'appartements abandonnés, Anita se réveille. Elle ne comprend pas où elle se trouve, ni ce qui se passe, mais un texto d'une amie qui s'est suicidée la plonge dans une expérience étouffante et terrible qui saura la pousser à bout... et peut-être encore plus loin.
Dès le départ, on peut voir un souci au niveau de la présentation autant visuelle qu’artistique. Les angles de caméras, les divers styles graphiques interposés, parfois superposés, et même plusieurs environnements claustrophobes réussissent à amener non seulement le malaise, mais aussi une appréhension. Avec comme seule lumière celle d’un téléphone cellulaire, Silent Hill : The Short Message amène non seulement à se concentrer sur ce qu’on voit, mais également, subtilement, ce qu’on ne voit pas. D’un point de vue technique, le jeu fonctionne très bien avec ses transitions de décors et ses instances contextuelles qui réussissent à faire frémir.
Cependant, un jeu ne se résume pas qu’à ses graphismes et un élément crucial est particulièrement raté ici : l’histoire. Le mystère derrière ce qui se trame est au départ intéressant, The Short Message suggérant l’exploration et la curiosité pour comprendre son ensemble, mais ne semble pas accomplir grand-chose avec sa narrative pleine de trous scénaristiques. Ce qui aurait pu être prometteur finit par dégénérer en quelque chose de beaucoup trop simple, voire facile, alors que le tout jongle avec des thèmes pourtant fertiles pour une franchise comme Silent Hill, à avoir l’abus parental, l’anxiété, la dépression, la pression sociale, autant sur les médias sociaux que par ses pairs, le suicide… Ces sujets auraient possiblement pu nourrir un titre de la franchise à eux seuls.
En présence de thèmes aussi lourds méritant d’être traités avec respect et considération, The Short Message frôle l’indécence avec son traitement trop hâtif et sa simplicité quasi insultante. Tentant de raccorder le tout à son histoire et son contexte, l’ensemble finit par manquer de cohérence et d’impact alors que la durée du jeu (environ 90 minutes) ne permet pas vraiment de profondeur, autant avec son récit que pour son personnage que l’on incarne. Ce qui pourrait amener un nouveau regard sur l’œuvre n’apporte que confusion et fausses pistes. Il en résulte alors une ambiguïté plus faible que forte pour l’ensemble de l’œuvre.
Un jeu vidéo peut tout de même même s’avérer divertissant malgré ses problèmes scénaristiques, se rattrapant avec une bonne jouabilité et des idées nouvelles. The Short Message n’a ni l’un ni l’autre, l’expérience consistant à marcher et à interagir avec quelques objets pour faire progresser l’histoire. Quelques moments où l’on doit fuir pointent le bout de leur nez, l’unique monstre du titre tentant de nous tuer, mais ces séquences finissent trop vite, sans être satisfaisantes, et leur manque de clarté au niveau des objectifs et le chemin à emprunter procurent plus de frustrations que d’excitation.
The Short Message est un mauvais augure quant à la nouvelle initiative que Konami réserve à Silent Hill. Avec un grand remake du second opus et une nouvelle entrée en préparation, on espère fortement que ce court jeu ne soit pas un présage du futur. Un mauvais jeu qui ne réussit que du côté technique n’est pas ce que les fans attendaient de cette série jadis légendaire. La déception est grande ici.
Mais au moins, c’est gratuit.
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