The Conjuring: The Devil Made Me Do It, troisième film officiel de l’univers de The Conjuring, arrive en salle le 4 juin 2021, et tout comme ses volets précédents, celui-ci explorera un «vrai» dossier des célèbres enquêteurs américains du paranormal, Ed et Lorraine Warren.
Si The Conjuring de 2013 s’inspirait de l’histoire de hantise de la famille Perron en 1973 au Rhode Island et The Conjuring 2 du cas surnommé Le Poltergeist d’Enfield, qui s’est déroulé à Londres à la fin des années 70, on nous racontera maintenant l’histoire du Procès du Démon du Connecticut au début des années 80, également connu sous le nom du Procès de Arne Cheyenne Johnson ou du Devil Made Me Do It Case.
L’histoire met en scène Arne Cheyenne Johnson, ou Cheyenne, employé d’un service d’entretien d’arbres. En juillet 1980, le jeune homme de 19 ans et sa copine Debbie Glatzel prennent tout juste possession d’une maison louée à Monroe, près de Brookfield; une petite ville parfaite pour éventuellement élever des enfants. David Glatzel, le jeune frère de 11 ans de Debbie, les accompagne, question d’aider à faire le ménage avant le déménagement. Ce qui devait être le début d’une nouvelle vie excitante pour le couple les plongera plutôt dans un pénible cauchemar.
Les manifestations débutent sur le champ
Cheyenne, Debbie et Lorraine Warren ont tous offert leurs témoignages en 2006 pour l’épisode Where Demons Dwell de la série A Haunting de Discovery Channel, qui raconte et recrée les expériences vécues par victimes de phénomènes paranormaux.
Les manifestations auraient débuté aussitôt que le trio a mis les pieds dans la nouvelle demeure. David, qui nettoyait la chambre des maître, aurait été poussé sur le lit laissé par les précédents propriétaires par ce qu’il décrit comme «un vieil homme avec une chemise à carreaux déchirée et un jean bleu, à la peau rugueuse». L’homme aurait dit «Méfie-toi» au même moment. Chez Judy Glatzel, la mère de Debbie, où le couple demeure pendant les travaux, le garçon continue d’apercevoir l’homme, qui a maintenant la peau brûlée et des pattes de cerf en guise de pieds. Il peut même converser avec lui. David mentionne également avoir des visions où un animal effrayé gratte à la porte de la maison louée pour s’enfuir, et implore Cheyenne et Debbie de ne pas déménager. Le lendemain, Cheyenne trouve en effet des traces de griffes dans la porte d’entrée. Les ennuis ne font que débuter.
Une nuit, David se réveille en criant que l’homme veut le frapper. Il est projeté par terre et dans tous les sens. Des mains invisibles semblent l’étrangler et des coupures apparaissent sur son corps. Cheyenne, Debbie et sa mère sont tous témoins de la scène paniquante. Les manifestations se multiplient et, à bout de ressources, la famille appelle le prêtre de la paroisse à l’aide. Ce dernier, réceptif à leurs inquiétudes, leur donne des chandelles et de l’eau bénite en renfort, mais, quelques jours plus tard, le jeune, victime de convulsions, est de plus en plus mal en point. Lorsque le prêtre revient pour bénir la maison, David est particulièrement réactif à l’intervention. Inquiet d’avoir à faire avec un cas de possession, le prêtre contacte des démonologistes qu’il connaît bien.
Les Warren arrivent à la rescousse
«Il y avait une tension énorme qu’on aurait pu trancher au couteau dans cette maison», dit Lorraine pour décrire l’étrangeté de cette première soirée. Elle se souvient avoir trébuché dans les marches avant d’entrer dans la maison. Une fois à l’intérieur, le jeune homme lui en fait mention, disant que c’est le démon qui lui a révélé ce détail.
Une entrevue accordée à l’époque (ci-bas) par Ed et Lorraine Warren, publiée tout récemment sur la page YouTube officielle du couple, détaille l’histoire comme un cas de possession «typique»: l’enfant était parfois habité d’une force surhumaine, pouvait parler dans une autre langue, profanait des insanités et menaçait ses proches, tandis que certains objets se déplaçaient d’eux-mêmes autour de lui — le couple présente d’ailleurs un jouet de dinosaure duquel ils ont pu entendre une voix prononcer «Attention, vous allez tous mourir» et qu’ils ont conservé.
Lorraine décrit qu’elle pouvait voir le démon qui s’adressait à elle à l’intérieur du corps de l’enfant. Les enquêteurs recueillent les témoignages et essaient d’obtenir des preuves pour convaincre l’Église de procéder à un exorcisme officiel, mais, devant l’urgence de la situation, il commandent ce qu’ils appellent un «exorcisme mineur».
Jour et nuit, la famille brisée et exténuée veille sur David à tout de rôle, malgré les attaques récurrentes. Dans un moment d’absence, David tente de tuer Cheyenne avec un couteau. David mentionne que le Diable qui l’habite a convoqué d’autres démons pour lui venir en aide et ainsi l’attaquer en groupe. C’est à ce moment que Cheyenne commet l’erreur de mettre ce diable au défi de s’en prendre à lui plutôt qu’à un enfant.
Au total, six prêtres auraient pratiqué trois séances d’exorcisme sur le jeune homme. Les procédures ont débuté cinq semaines après les premières manifestations. Ed Warren révèle toutefois à propos du rituel utilme, qui s’est déroulé pendant plusieurs heures: «Ça a été l’une des nuits les plus terrifiantes de ma vie. Il n’y avait pas un démon, il y en avait 43.» Les démons ont dû être extraits un à la fois, toute la nuit, jusqu’au dernier.
Le meurtre du Diable
Depuis, David se porte bien, mais Cheyenne a maintenant un comportement étrange. Il se lève la nuit et marmonne des choses insensées. Un soir, il perd complètement le contrôle de son véhicule, qui se conduit seul par une force invisible. Il mentionne également voir «La Bête» lors d’une visite à la maison, dans laquelle ils n’ont finalement jamais emménagé. Le 16 février 1981, sept mois après les premiers événements, il s’absente du travail, se plaignant d’un vilain mal de gorge. Il rejoint Debbie au salon de toilettage pour chiens où elle travaillait. Alan Bono, gérant des chenils, était là, ainsi que trois jeunes filles venues pour observer Debbie à l’oeuvre.
Un dossier exhaustif publié en 1981 dans le Washington Post raconte que Bono, récemment arrivé d’Australie, les a tous emmenés dîner au bar du coin, où il aurait bu une bonne quantité de vin. De retour aux chenils, un dilemme aurait éclaté entre l’homme d’une quarantaine d’année et Cheyenne, qui réparait sa radio. Sentant la soupe chaude, Debbie et les filles les ont laissé seul un moment. À leur retour, Bono, très agité, les a empressées de monter à son logement à l’étage. L’homme aurait agrippé l’une des fillettes et Cheyenne serait monté pour le raisonner et le convaincre de la laisser partir. Dans l’agitation, tout le monde est sorti à l’extérieur et les enfants ont couru jusqu’à la voiture. La jeune fille en question se souvient alors avoir entendu Cheyenne grogner et avoir vu des flashes briller dans l’air. C’est là que Cheyenne aurait sorti son couteau de poche et poignardé l’homme à quatre ou cinq reprises, l’une des entailles s’étendant de l’estomac jusqu’à la base du cœur. Cheyenne a mentionné n’avoir aucun souvenir de l’incident, ni des deux heures qui l’ont précédé. Cette journée-là, Debbie mentionne qu’elle avait pu entendre deux voix distinctes sortir de la bouche de son copain.
Quatre mois plus tôt, Lorraine Warren avait personnellement contacté la police locale pour les aviser que Cheyenne était possédé et que la famille courrait un grand danger.
Le procès et la suite
Pourquoi le Diable aurait-it choisi spécifiquement Alan Bono pour exercer son sinistre dessein? Martin Minella, avocat de Cheyenne, a une théorie: «Quel est le nom du gars? Bono, non? Et quel genre de nom est Bono? Italien, non? Alors, que veut dire Bono en italien? Cela signifie “bien”. Et le mal aime détruire le bien.»
En octobre 1981 s’ouvre donc au Connecticut la toute première affaire judiciaire de l’ère contemporaine aux États-Unis durant laquelle la défense a cherché à prouver l’innocence de l’accusé sur une base de possession démoniaque, déniant ainsi toute responsabilité personnelle pour le crime; une défense rejetée comme «impertinente et non scientifique» par le juge qui préside la cause. La défense choisi donc finalement de plaider la légitime défense, empêchant le jury de considérer la possession démoniaque comme cause du meurtre. Les médias de partout à travers le monde, qui ont saisi l’affaire, suivent attentivement les procédures. Après plusieurs heures de délibération, l’accusé est reconnu coupable d’homicide involontaire au premier degré. Arne Cheyenne Johnson est condamné à dix à vingt ans de prison. Il n’en purgera que cinq.
Il sera intéressant de voir ce que David Leslie Johnson-McGoldrick (The Conjuring 2) et James Wan auront retenu de toute cette histoire pour la conception du scénario de The Conjuring: The Devil Made Me Do It, dont on ignore les détails au moment d’écrire ces lignes. Michael Chaves, qui nous a donné The Curse of la Llorona en 2019, réalise ce nouveau volet des enquêtes des Warren au cinéma, qui, on l’espère, saura nous offrir quelques bons frissons!
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