Je lis des livres Frissons depuis l’âge de 9 ans; j’en ai aujourd’hui 40. Ces petits romans, publiés dans les années 90 chez Héritage Inc., devenaient une source de réconfort parce qu’ils étaient mon seul pont avec le monde de l’horreur. Honte à cette « méchante prof » qui a osé suggérer à mes parents de me les retirer, sous prétexte que mon imagination trop fertile serait la cause de mes plaintes sur ses « comportements douteux »…
J’ai dû alors longtemps me contenter des couvertures sur les étagères des pharmacies, à refaire le facing, pour leur rendre justice comme seul MOI peux le faire. Combien de fois on a pu entendre : « Ce serait tellement cool qu’ILS fassent des films avec les livres de la collection “Frissons”? » Une trentaine d’années plus tard, je me retrouve à la première du premier film Frissons : Les Écorchés – Partie 1 de Luca Jalbert.
Aujourd’hui, je suis en train de conclure la deuxième saison de mon balado Frissons sur le pod, un dérivé de Terreur sur le pod, un projet où j’échange avec d’autres lecteur·trices·s qui y sont toujours attaché·e·s et ce, partout au Québec. Il s’agit de mon premier texte pour Horreur Québec, ma première expérience Fantasia et la première fois que je fais garder ma chienne Bella (juste un dodo). C’est avec le cœur battant à mille à l’heure que je me suis rendu au Cinéma du Musée pour assister à la première mondiale du film. Chloé Leclerc-Gareau, que vous connaissez grâce à ses critiques fantasiesques et Horreur Québec : Le Balado, s’est jointe à moi afin de m’aider à me gérer un peu. Le film que nous allons voir, je l’attends depuis longtemps! Bien sûr, j’ai suivi Les Enfants Perdus, cette websérie également créée par Luca Jalbert, qui agit maintenant comme antépisode aux longs métrages — oui, deux autres films sont à venir.
Je confesse : j’ai eu droit à un visionnement préalable. Je tenterai de me fier à cette première écoute pour me faire une idée, sinon je donnerais une note parfaite au film dû à l’énergie magique du festival Fantasia qui a fort opéré, le 21 juillet dernier. Les Écorchés ne réinvente pas la roue, ni ne prétend vouloir le faire. C’est tout d’abord une histoire horrifique d’amitié à la IT, comme mentionné dans la présentation de Marc Lamothe, directeur général de la programmation de Fantasia. Ce dernier a vu juste, ce petit je-ne-sais-quoi se trouve dans les productions Cabro, et il a tout fait pour le mettre en valeur le soir de la première. Merci!
Dans Les Écorchés – Partie 1, nous faisons d’abord la rencontre du jeune Sam, qui emménage chez sa tante et sa cousine suite au décès de ses parents. Une comète s’est jadis échouée dans le lac du comté de Colerain et a éveillé une entité pas fine fine, contre laquelle certains enfants perdus ont dû se battre pendant quatre romans dans la collection « Frissons ». Cette entité, que l’on croyait assez dormante pour la considérer comme une légende urbaine, refait maintenant surface grâce à ladite cousine, qui s’est donné beaucoup de mal pour la convoquer. Ouija, bouchée de verre et drap contour, Luca réussit, avec ses jeunes, à nous rendre un film qui joue dans nos peurs enfantines, si on choisit de s’en laisser la chance.
J’utilise le mot « chance » parce que je considère être chanceux de ne pas regarder ses imperfections comme un défaut. Toutes les personnes participantes au film l’ont fait bénévolement, les pelouses ne sont pas parfaitement tondues dans la ville de Lévis et les volumes des pistes sonores sont parfois inégaux… Mais n’est-ce pas normal quand tout ça est fait à la bonne franquette, comme on dit si bien au Québec? Fais-moi peur! n’était pas parfait non plus, j’en fais pourtant encore des cauchemars…
Ce que le long métrage possède pour se démarquer, c’est son cœur. Utiliser l’épouvante pour connecter avec des ados écorchés, c’est ce que Luca maitrise d’une main habituée, ayant édité son propre magasine d’horreur Ça fout la chienne, avant même Les Enfants Perdus. Lorsque j’ai vu Scream pour la première fois à treize ans, le générique était à peine commencé que je voulais « jouer à Scream ». Les Écorchés, c’est « jouer à Scream » avec un adulte qui récolte du matériel au compte-goutte, en fait profiter à une bande de petits monstres et, surtout, ne leur dit pas d’arrêter d’être tannants. Il les encourage plutôt à être plus fort pour enrichir un personnage auquel on finit par s’attacher. Le résultat s’améliore constamment depuis Les Enfants Perdus, assez pour que j’arrive à me laisser aller entièrement dans la campagne publicitaire calculée comme celles d’Hollywood : le teaser, l’affiche, la bande-annonce, l’attente qui devient insupportable… Toutes ces cartes ont été jouées et j’ai suivi le train avec un plaisir sain!
Maintenant, la question est : suis-je assez objectif pour couvrir le premier film de la collection Frissons pour Horreur Québec? Moi, qui en consomme depuis plus de 30 ans, au point d’en créer un balado sur lequel je suis booké un an d’avance. Ce sera à vous de le découvrir à sa sortie grand public cet automne, simultanément avec la sortie du roman illustré, qui paraitra dans la collection « Frissons Sang pour Sang québécois ». D’ici là, je termine en disant #jesuisunenfantperdu.
PS : Je partage avec vous cet épisode spécial, enregistré lors de la première du film Les Écorchés – Partie 1. Vous aurez la chance d’entendre des entrevues avec le réalisateur, certain⸱e⸱s jeunes acteur⸱trice⸱s et leurs parents ainsi que des membres de la communauté de l’horreur au Québec.
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