batman city of madness

[Littérature] « Batman : City of Madness » : sombre, lovecraftien et coloré

Les œuvres de Philip Howard Lovecraft ont maintes fois été adaptées et insérées dans d’autres histoires et franchises. Rick & Morty Vs. Cthulhu chez Dark Horse, la série Infestation 2 de IDW Comics, Vampirella Vs. Reanimator chez Dynamite; plusieurs titres où personnages iconiques et appréciés ont connu des déboires avec les charmants Grand Anciens, Nyarlathotep ou bien Daggoth. La popularité de cette mythologie est incontestable et ce pourquoi voir un récit comme Batman : City of Madness, une bande dessinée publiée par DC Comics en format collection ce mois-ci, est d’une évidence de nos jours étant donné la renommée de son personnage-titre ainsi que le potentiel d’une rencontre avec la démence horrifique et fantasmagorique de Lovecraft.

Sous la ville de Gotham se trouve une copie, un reflet sombre et maléfique, dans lequel des événements lugubres et terribles se produisent. L'arrivée d'une entité de l'autre côté du miroir va tout chambouler et forcer Batman à s'allier avec des ennemis du passé pour comprendre et détruire ce mal ancien...
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Deuxième narrative croisant Batman et la mythologie lovecraftienne (le premier étant Batman : The Doom That Came to Gotham), cette histoire s’inspire plus d’une approche moderne en comparaison à la première qui se déroulait dans les années 1920. L’auteur et illustrateur Christian Ward, connu pour avoir travaillé sur divers titres chez Marvel et DC, se voit pour la première fois dans un siège double au niveau de l’histoire et des visuels, avec Hassan Ostmane-Elhaou au lettrage. Le choix d’un environnement moderne avec un Gotham plus familier réussit à distinguer cette nouvelle histoire, ne la plaçant pas comme une pâle copie ou un hommage, mais plus comme quelque chose d’original et ce, dès les premières pages.

L’attrait principal ici sont les visuels, le dessin de Christian Ward étant particulièrement splendide. Son approche aux traits et à la pagination rendent la majeure partie des pages uniques, même malgré certaines répétitions d’éléments et de tons. L’inquiétante ville de Gotham étant plusieurs fois utilisée en tant que décor n’empêche pas les angles variés, les cases un peu plus chaotiques, mais faciles à suivre, autant que les nombreux gros plans sur Batman sont quand même diversifiés. La maîtrise de la couleur est, sans conteste, une grande réussite. Soit effacés, flous ou spécialement précis, les tons et variantes sont exceptionnels, amenant des émotions comme la terreur, le mystère, la colère et moult autres de manière experte. Pour les yeux, le livre en soi est un petit bijou.

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Un point bonus, et souvent facile à oublier, revient à Hassan Ostmane-Elhaou. Son utilisation de la typographie, des couleurs et des cadres différents pour chacun des personnages, autant pour la narration que pour les phylactères, réussit à distinguer chaque voix. On suit donc facilement les pensées et le flot du récit et de la narrative pour chaque individu est rapidement établi, et ce de façon imaginative. De par les différentes couleurs de fond pour les facettes de Harvey Dent (Double-Face) aux lettres dignes d’une machine à écrire pour Batman, ces petits détails ajoutent à l’expérience.

Plus mitigé, ce qui est souvent le cas dans un contexte d’auteur/illustrateur dans le domaine des comics américains, est l’histoire en soi. Empruntant à certains auteurs du passé de Batman, mais sans se gêner pour ajouter des éléments, Christian Ward démontre qu’il possède de bonnes idées. L’essence même du récit est intéressante, remplie d’occasions et de moments lugubres et malsains, mais on se perd dans les moments qui se veulent plus émotifs et personnels. Certains parallèles ou d’autres métaphores et comparaisons se voient suggérés, sans pour autant toujours être convaincants ou même approfondis dû aux nombreux éléments apportés par le narratif. Des personnages et des sous-narratives reçoivent davantage de pages que d’autres, créant ainsi une inégalité dans les thématiques et conclusions apportées.

Malgré cela, Batman : City of Madness reste un livre plutôt prenant. L’imperfection de son récit ne réduit en aucun cas les images si bien dessinées et présentées pour nos yeux ébahis. Si Christian Ward apprend un peu de ces erreurs, on aimerait certainement un retour sur ses idées et ses fresques autour de Lovecraft et Batman.

Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
de Lovecraft et de Batman
d'art coloré et somptueux
3.5
Note Horreur Québec

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