Lorsqu’on voit le titre Conte de fées (Fairy Tale) sous le nom Stephen King en gros caractères en déambulant devant la vitrine d’une librairie, il y a de quoi être malade de curiosité. Les nouveaux romans de l’auteur défilent si rapidement les uns après les autres sur les rayons qu’on se demande parfois si un seul auteur peut produire autant. Est-ce que le nom de ce prolifique écrivain ne serait pas devenu une sorte d’étiquette derrière laquelle pourrait se camoufler une multitude d’écrivains? Pourtant, dès qu’on plonge à travers ses œuvres, certains tics littéraires, obsessions, thèmes et névroses semblent difficiles à calquer. De quoi traite cette nouvelle brique de plus de 700 pages?
Conte de fées raconte l’histoire de Charlie, un adolescent ayant traversé plus jeune le deuil de sa mère et la dégringolade de son père dans l’alcoolisme. Le jeune homme viendra en aide à un vieillard suite à un accident et finira par se lier d’amitié avec ce vieux grincheux et sa chienne. Il découvrira bientôt que la résidence de son nouvel acolyte cache une entrée vers un monde parallèle.
Sans atteindre la minutie et la richesse qu’il avait apportée pour un autre conte nommé The Eyes of the Dragon (Les Yeux du dragon), King propose ici un très bon roman. Bien sûr, nous sommes loin d’égaler la suprématie de ses meilleures œuvres comme The Shining, Pet Sematary (Simetierre) ou Salem, mais Conte de fées n’est pas non plus à ranger parmi les maillons faibles du maître.
Cela dit, là où les inconditionnels verront des thématiques récurrentes, les moins converti·e·s pourraient parler de redites. Qu’il s’agisse de l’enfant se liant à un homme âgé, du deuil, de l’alcoolisme, du chien fidèle ou même de la maladie, celui que l’on surnomme le roi du Maine patauge dans des eaux dans lesquelles il a navigué plus souvent qu’à son tour. Faut-il y voir une faute ou une signature? Peut-être un peu des deux.
Le style demeure très fluide et accrocheur. Nous sommes confronté·e·s au travail d’un vétéran qui excelle dans l’art de la définition et du détail, et très peu de lourdeurs se glissent dans ce récit-fleuve qui se lit très rapidement. Plusieurs sublimes illustrations ponctuent le récit et traduisent l’ambiance des contes traditionnels qu’on retrouve en album pour enfants. Mais ne vous méprenez pas, Conte de fées est un récit pour adultes où les spectres de la nuit s’additionnent aux affrontements dignes des gladiateurs de Spartacus.
En conclusion, malgré son épaisseur, Conte de fées vaut amplement sa lecture, la trame étant divertissante et l’ensemble n’accusant aucune longueur inutile.
Conte de fées, version française de Fairy Tale, est paru aux éditions Albin Michel le 25 avril 2023.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.