Ce n’est pas tous les jours qu’on peut découvrir un essai québécois sur une créature qu’on adore. L’instant Même, à travers sa collection « L’Instant Ciné », nous propose un texte tout à fait délectable que tout admirateur, autant du roman que des longs-métrages, saura non seulement apprécier, mais souhaitera garder dans sa bibliothèque comme référence ultérieure.
Frankenstein lui a échappé : les tourments cinématographiques d’un mythe moderne propose une observation autant du célèbre roman que sur un corpus très significatif de films qui tentent de s’en inspirer. Le titre en lui-même en dit long puisqu’il semble faire référence à l’appellation Frankenstein s’est échappé, attribué à la version française de The Curse of Frankenstein. Cela ne semble aucunement anodin de faire référence à ce titre qui utilise le nom « Frankenstein » pour nommer le monstre et non le créateur. On nous donne le ton d’un ouvrage qui ne lésinera pas à démystifier chaque recoin biscornu d’un mythe et traite déjà dans un simple titre de la foulée des changements que le cinéma a apporté au roman de Mary Shelley.
Tout fan d’horreur connaît une pléiade de films inspirés par le roman classique de 1818. Tôt ou tard, nous sommes tous amenés à lire ce véritable chef-d’œuvre. Et peut-être parce qu’il fut rédigé par une jeune fille de 18 ans, nous en venons forcément à nous demander ce qui a bien pu l’inspirer. La genèse du roman est d’autant plus mythique qu’elle a été mise à scène dans de nombreux films et racontée de manière un peu romanesque par Shelley elle-même dans la réédition de son livre.
Cet essai d’André Caron tente de mettre les pendules à l’heure en proposant une relecture du roman. Il en découle de puissantes allégories, notamment celle de Victor donnant naissance à un être vivant, comme une femme, et subissant également un traumatisme post-partum, comme certaines jeunes mères. Les analyses de l’auteur passent ensuite en revue les titres les plus marquants. On ne peut rien redire de sa sélection de longs métrages qui semble des plus adéquates.
Cette passion pour le mythe, Caron en a été contaminé par la revue Famous Monsters et le film Super 8, transposition d’extraits des œuvres de la Universal, mais aussi par le long-métrage japonais Frankenstein Conquers the World, diffusé alors à la télé. Il demeure important de le rappeler, pour que le lecteur saisisse qu’il s’agit d’une étude très recherchée, certes, mais effectuée par un véritable geek, comme vous et nous.
Si l’adaptation de James Whales l’a moins impressionné que certains d’entre nous qui y voyons encore le pôle déclencheur de notre adulation pour le roman, l’homme décortique l’ensemble du mythe avec assez de délicatesse pour séduire les novices, mais livre également d’étonnantes pistes aux chercheurs plus sensibles qui souhaitent étancher leur soif sur le sujet.
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