la cite oblique

[Littérature] La cité oblique: l’histoire d’un Québec parallèle inspiré par Lovecraft

Saviez-vous que Howard Phillips Lovecraft a visité la ville de Québec à trois reprises? Ces visites lui ont même inspiré un essai intitulé A Description of the Town of Quebeck in New France, Lately Added to His Britannick Majesty’s Dominions, un texte de 130 pages qui décrit une ville remplie de «la beauté inhérente à tout ce qui est ancien et source de merveilles». Cet essai, cependant, n’a rien à voir avec la prose fantastique habituelle de l’auteur; il y décrit sobrement, mais en détail, son voyage et ses observations, et y raconte également l’histoire de la Nouvelle-France.

C’est ce qui a inspiré le bédéiste Christian Quesnel, auteur de Mégantic, un train dans la nuit, et lauréat de plusieurs prix dont le Prix du Conseil des arts et des lettres du Québec, à se lancer dans le projet de La cité oblique, avec la collaboration d’Ariane Gélinas pour les textes, autrice de Les cendres de Sedna et lauréate du prix Aurora-Boréal, entres autres.

La cité oblique couverture livre

Réalisées à l’aquarelle, les illustrations de Christian Quesnel sont sombres et lugubres, témoins d’une histoire sanglante et mythique. L’alternance de couleurs chaudes et froides et de teintes foncées et claires crée un dynamisme et appuie certains points cruciaux de l’histoire. Québec devient Québeck, inquiétante ville où des monstres cosmiques s’épanouissent et se confrontent, dans des batailles de notre monde parallèle dont nous avons tous déjà entendu parler. Des taches et des coulées rouges sont dispersées tout au long de l’histoire, sous les yeux et dans le visage des personnages, rappelant le sang et le feu, symboles des guerres presque oubliées.

Le travail de réécriture d’Ariane Gélinas est un véritable tour de force. Il est difficile de distinguer le style de Lovecraft du pastiche de l’autrice, même pour le connaisseur, et l’essence des images est parfaitement transmise à l’écrit. La réalité altérée et la grandiloquence dans la description des événements cruciaux et des personnages déterminants s’alignent parfaitement avec le visuel. À l’inverse, le point de vue empathique du narrateur dans la description des victoires, dans la flatterie face aux personnages et dans l’appréciation des paysages contraste avec l’horreur des illustrations, procédé qui fait basculer le lecteur dans cet univers sinistre.

Dès le premier contact avec le livre, les illustrations de La cité oblique captent l’attention par leur étrange beauté, et sa lecture fait revisiter notre histoire à travers le regard du maître de l’horreur. Cette œuvre magnifique est un ajout essentiel à la bibliothèque de tout amateur de genre.

Note des lecteurs1 Note
Points forts
Illustrations évocatrices
Le style du texte se marie parfaitement avec les illustrations
Travail d'adaptation accompli de l'oeuvre originale
Points faibles
Aucun
5
Note Horreur Québec

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