Être assis·e sur le bord de la plage, les pieds dans le sable, est la meilleure ambiance pour lire La grande noyée de Marie-Jeanne Bérard, publié le mois dernier chez Tête première. Pourtant, même ce paysage n’aide pas à apprécier le livre dans son entièreté.
Marie-Jeanne Bérard a désormais quatre livres à son actif et publie principalement chez Leméac et Tête première. Vous n’êtes probablement personne, son premier roman, a été finaliste au prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec. Il s’agit d’un prix axé sur la qualité littéraire des œuvres.
Sylvette Luzel, une veuve septuagénaire, vit isolée dans la lande bretonne où elle passe ses journées à recueillir des légendes sur les sirènes, les vouivres et les ondines. Un matin, elle tombe sur une femme nue, échouée sur la plage. Persuadée d’avoir affaire à la créature marine qu’elle avait rencontrée dans sa jeunesse, elle l’invite à passer trois jours et trois nuits chez elle. Au fil de leur étrange cohabitation, la femme dévoile peu à peu son histoire sombre, marquée par un crime ancien, qui fait d’elle la Noyée des noyées.
Si l’on parle de sa plume, Marie-Jeanne Bérard est sans équivoque une écrivaine formidable, trouvant les mots justes et poétiques pour créer un texte travaillé dont on ressent les émotions souhaitées. En effet, l’histoire a lieu dans un huis clos, et on a réellement l’impression d’être coincé·e·s avec cette femme étrange, de ressentir non seulement la peur de Sylvette, mais également la rage brutale de la femme-sirène. L’autrice maîtrise haut la main le style d’écriture poétique choisi et le garde uniforme tout au long du récit. Seulement, ce n’était pas assez pour mettre sur pied une histoire intéressante qui nous tient en haleine.
La rencontre entre Sylvette et la mystérieuse femme qui se déroule pendant trois jours et trois nuits dans l’histoire s’imprime sur une centaine de pages, ce qui peut sembler assez court. Dans le cas de cette œuvre, le manque d’actions est palpable, rendant la lecture longue et sans rebondissements. Les lecteur·rices sont dans la tête de la protagoniste; on a accès à ses pensées, mais les réflexions sont souvent les mêmes et tournent en rond. Même le punch de la fin est assez prévisible et ne représente en rien une fin inoubliable.
En soi, la façon d’amener la thématique de la mythologie est originale, puisque la femme-sirène raconte elle-même son histoire, se présentant par fragments. Les moments ne sont pas en ordre chronologique. De plus, la femme ne communique pas verbalement. Il n’y a alors aucun dialogue, ce qui est assez original pour un roman.
Malheureusement, les points positifs ne pèsent pas assez dans la balance pour donner envie de continuer à tourner les pages et, en parallèle, de vous en recommander la lecture.
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