La petite ville de Hobtown en Nouvelle-Écosse est frappée par une série de disparitions. Le club de détectives de l’école secondaire du coin, dirigé par Dana Nance, décide de faire enquête. Se joint à eux Sam Finch, dont le père et riche entrepreneur a également disparu. Lorsque la dame de cafétéria est assassinée — dans la cafétéria — le mystère devient de plus en plus menaçant et semble s’ancrer dans les racines historiques et politiques de Hobtown.
Publié à l’origine en anglais chez l’éditeur Conundrum Press, L’Affaire des hommes disparus est le premier tome de la série Les Mystères de Hobtown (un deuxième tome est déjà disponible dans la langue de Boris Johnson). Ce récit policier, flirtant avec le fantastique, propose un univers qui vous fera à la fois penser à Twin Peaks, mais également à Scooby-Doo. En effet, l’étrange est clairement au rendez-vous et même parfois l’absurde tellement on est décontenancé par les us et coutumes de cette petite communauté de deux milles habitants.
Les dialogues — traduits en français par Alexandre Fontaine Rousseau — sont succulents et parfois fortement saugrenus. Les tueurs sont malgré tout effrayants avec leur dégaine de boogeymen du dimanche, portant un imperméable jaune et comme masque, une assiette de carton percée de deux trous. Les dessins en noir et blanc d’Alexander Forbes proposent un trait limpide et un découpage dynamique. L’ouvrage est touffu (on parle tout de même de 300 pages bien tassées), mais se lit assez rapidement. L’histoire est judicieusement divisée en plusieurs chapitres et la narration change quelques fois de points de vue, ce qui permet de rendre le tout plus ludique et d’augmenter l’effet de suspense.
Une autre composante intéressante: parmi les cinq jeunes détectives, l’une d’elles, Pauline, est francophone. L’allusion demeure par contre subtile; au-delà de son prénom, on découvre les racines francophones de Pauline uniquement grâce à quelques phrases échangées avec sa grand-mère (en français dans le texte original). C’est peu, mais ça fait tout de même plaisir.
Cependant, la plus grande qualité de cette BD est que malgré les éléments totalement loufoques qui parsèment le scénario de Kris Bertin, on adhère au récit proposé sans résistance, heureux de lire une œuvre aussi rafraîchissante (et qui ne se gêne pas de verser parfois dans l’horreur). Vous ne saviez pas que la Nouvelle-Écosse produisait de la BD? Nous non plus, et maintenant, aucun risque de l’oublier.
L’Affaire des hommes disparus est disponible en français aux Éditions POW POW depuis le 27 janvier 2020.
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