L’Ensemenceur est le premier roman pour adultes de Claude Bolduc. Lauréat de nombreux prix, l’auteur nous avait donné, entre autres, La clairière Bouchard et La main de Sirconia, deux livres destinés davantage à un lectorat plus jeune. Le spécialiste québécois de l’horreur, du fantastique et de la science-fiction a œuvré au sein de nouvelles, alors la sortie de son nouveau roman aux éditions Les Six Brumes nous a grandement fait envie.
Les habitants d’un petit immeuble découvrent que la bête odorante qui erre dans les environs la nuit et dont ils essaient de se débarrasser est une créature inquiétante.
La véritable force de L’Ensemenceur réside dans sa manière de dépeindre un pan de la société en nous laissant scruter le quotidien de ses personnages. L’approche n’est pas sans rappeler celle du classique cinématographique Rear Window d’Alfred Hitchcock, où le spectateur faisait presque office de voyeur avec le héros, qui apprenait à connaître ses voisins d’en face en les épiant. Ici, c’est dans leur banalité assumée que les protagonistes deviennent singuliers. Ces derniers sont imparfaits, et au fil des pages, chacun d’eux se tisse une véritable spécificité. C’est parce qu’ils nous font sourire et sourciller qu’on s’inquiète pour eux et que leurs échanges sont d’une grande saveur.
Cependant, malgré le côté philosophique et humaniste de l’histoire, certains pourraient déplorer qu’elle n’est pas si effrayante. Il n’y a aucun carnage ou esprit vengeur dans L’Ensemenceur, et l’angle tragique prend souvent le relais sur la peur. Ça reste un bien moindre mal, puisque son ambiance étrange est délectable d’un bout à l’autre.
Le récit débute à la première personne pour donner certaines délimitations au personnage principal; la narration n’hésite pas à se transposer à la troisième lorsque l’action se déroule sans lui. Ce choix narratif est assez habile puisqu’il tisse un lien de familiarité plus grand entre le héros et les lecteur·trice·s, tout en nous laissant connaître des éléments menaçants et dramatiques que le journaliste de l’histoire ignore.
Le style est par ailleurs des plus limpides : la courte durée des chapitres et l’abondance de dialogues en font un texte très facile à lire qui pourrait également plaire aux plus jeunes ou aux bouquineur·euse·s moins coriaces.
Au final, L’Ensemenceur offre une lecture assez divertissante, nous laissant ainsi espérer une suite.
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