Après le meurtre de ses parents par un commando armé, Luke Ellis est amené de force à l’Institut, un complexe pour les enfants qui, comme lui, ont des pouvoirs comme la télékinésie ou la télépathie. Le jeune surdoué n’a qu’une idée en tête: s’échapper. Il devra être prudent pour ne pas se faire attraper par Madame Sigsby, la cruelle directrice…
Dans The Institute, Stephen King s’éloigne des monstres surnaturels qui ont fait le succès de plusieurs de ses romans. Heureusement, son pouvoir d’évocation demeure intact, et c’est ce qui nous permet de nous attacher rapidement aux protagonistes, même quand on ne sait pas encore quel rôle ils vont jouer dans l’histoire.
Il y a tout de même une touche de fantastique, avec les pouvoirs psys des enfants prisonniers de l’Institut. Mais King a le génie d’en faire quelque chose de presque anecdotique, du moins pour les jeunes dotés de ces facultés. Aucun d’entre eux n’est assez puissant pour pouvoir s’opposer seul aux dirigeants de l’Institut. Et ce n’est qu’avec l’arrivée de Luke qu’ils vont comprendre la force du nombre. C’est là l’une des nombreuses leçons qu’on retient à la lecture de ce roman magistral.
King revient ainsi sur certains de ses thèmes de prédilection: l’opposition entre les enfants et les adultes, le fait que les pires monstres ont très souvent un visage tout ce qu’il y a de plus humain, mais aussi une forte méfiance envers les forces gouvernementales qui se croient au-dessus des lois. Ici, mentionnons que la lecture du résumé initial a laissé croire à ce critique qu’il pourrait y avoir des liens avec Charlie McGee, la jeune pyrokinésiste de Firestarter, un roman marquant de King, qui s’élevait contre certaines méthodes de la CIA et qui résonnait de la colère de l’auteur envers le gouvernement.
Pourtant, la pyrokinésie n’est pas reconnue comme un pouvoir psy dans le roman, ce qui laisse penser que l’intrigue se situe peut-être dans un univers légèrement différent de celui où évoluait The Shop, avant sa destruction par la jeune Charlie. Même si on peut être légèrement déçu de cette omission, il n’en demeure pas moins que King signe ici un roman puissant, qui marque le lecteur et l’amène à réfléchir.
D’ailleurs, on sent que l’auteur a gagné en maturité depuis Firestarter, et que la colère du jeune homme a laissé place à la sagesse d’un homme plus âgé, sans que les convictions profondes ne soient altérées. C’est simplement qu’il a trouvé une manière plus productive de canaliser cette colère.
Bref, The Institute est l’un des grands crus du maître, et prouve une autre fois que le résident le plus connu du Maine est encore capable de surprendre son lecteur et de lui faire vivre un moment de lecture des plus intenses.
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