Natalia, une jeune religieuse, mène une vie recluse dans un couvent jusqu’au jour où sa mère est tuée et son père gravement blessé dans des circonstances plutôt étranges. Natalia retourne alors dans sa famille dysfonctionnelle et se fait convaincre par sa sœur Angela de participer à un rituel païen afin de reconnecter avec leur passé et leur inconscient.
Luciferina est un film argentin présenté comme le premier volet d’une trilogie. Si le scénario n’est pas particulièrement original de prime abord, cette réalisation de Gonzalo Calzada ose aborder des thèmes controversés dans son pays et qui ont défrayé la manchette récemment: la religion catholique et l’avortement (rappelons que les sénateurs argentins se sont prononcés en août dernier contre la légalisation de l’IVG). À travers les visions inquiétantes de Natalia où apparaît une jeune fille au chevaux sales à la Ringu, un parallèle intéressant est proposé entre la forme d’un utérus et la crucifixion. Autre thème abordé dans le film à travers le personnage du copain d’Angela: la violence contre les femmes. Cette problématique est tellement importante dans ce pays que les féminicides sont, depuis 2012, punis plus sévèrement que les homicides (15 autres pays d’Amérique latine ont adopté des lois similaires au cours des dix dernières années).
Bref, il est intéressant de voir le réalisateur traiter de ces sujets dans un film d’horreur, même si on peut se questionner sur l’intention derrière certains choix scénaristiques. L’une des autres propositions de Luciferina qui retient l’attention est de mêler la croyance catholique et archi-connue de la possession diabolique avec les traditions des chamanes des tribus amérindiennes de l’Amazonie. Ainsi, le rituel auquel Natalia, Angela et ses amis participent consiste à prendre de l’ayahuasca, une drogue hallucinogène à base de lianes, prise sous forme de breuvage (et popularisée par le Altered States de Ken Russell). Censée permettre la «guérison de l’âme», cette drogue replonge Natalia dans son passé. Le spectateur assiste alors à une intense scène d’exorcisme en plein accouchement.
D’un point de vue formel, la photographie n’impressionne guère, mais les effets spéciaux tiennent la route. Le lieu du rituel, un ancien couvent abandonné en pleine jungle, parvient également à créer un sentiment d’angoisse bienvenu.
Enfin, la technique utilisée par Natalia pour exorciser l’un des personnages risque de créer un malaise chez certains et en faire rigoler d’autres, rappelant certains films d’exploitation des années 70-80 qui ne se gênaient pas à mêler sexe et horreur. Conclusion: Luciferina n’est pas désagréable à regarder, mais souffre de quelques longueurs et de quelques maladresses. Souhaitons que ces scories soient corrigées pour la suite.
Luciferina arrive en format Blu-ray et DVD aujourd’hui et en format Digital HD le 4 décembre.
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