L’histoire raconte le parcours houleux de la jeune Mary Wollstonecraft Godwin qui, sous les yeux inquisiteurs de la bonne société, s’est enfui avec le poète Percy Shelley. Suite à une visite chez Lord Byron, et pour exorciser les tourments de sa vie de couple qui battra rapidement de l’aile, la jeune fille de 18 ans écrira le roman Frankenstein.
Vouloir mettre en images cette célèbre nuit où la jeune romancière progressiste a imaginé son roman n’est pas, a priori, l’idée la plus originale qui soit. James Whales l’avait fait au début de Bride of Frankenstein, Ken Russell y a consacré son Gothic et Ivan Passer à travers son Haunted Summer. Alors que plusieurs comptes-rendus parlaient d’une soirée arrosée, d’orgies et de discours littéraires philosophiques entre le couple Shelley et Lord Byron, la genèse du monstre est ici excessivement sage. Ce mythe qu’on a imaginé jusqu’ici comme un chapitre juteux de l’un des romans de Sade semble davantage inspiré de l’oeuvre complète de Danielle Steele. Est-ce possible que l’un des plus grands monstres jamais mis sur papier ait été construit de manière aussi banale? Pourquoi pas, en fin de compte. Cette fois, c’est à la réalisatrice Saoudienne Haifa Al-Mansour, qui nous avait offert en 2014 l’inoubliable Wadja, de raconter le parcours de l’écrivaine.
La reconstitution historique est fort élégante, mais le scénario s’accentue insuffisamment sur le roman de la surdouée et beaucoup trop sur ses déboires amoureux. Le profil de cette jeune fille émancipée a plusieurs touches intéressantes qui trouvent une résonance avec l’actualité d’aujourd’hui. Cela dit, l’élan féministe propose des angles un peu radicaux par moments. Femme de cœur, intelligente et artiste, Mary doit sillonner un univers troué par des hommes pour la plupart incapables et paumés. Bien sûr, cette critique du patriarcat n’est pas négligeable en soi, mais elle est un tantinet manichéenne, en plus de prendre une trop grande partie de l’histoire. On aurait souhaité plus de références au monstre et plus d’audace dans la manière de parler de sa gestation. La réalisation est fort adroite, mais elle baigne dans un classicisme fastidieux.
Il en résulte un gentil petit film, alors qu’on s’attendant davantage à une œuvre marquante. Comme à son habitude, Elle Fanning (The Neon Demon) est tout simplement parfaite.
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