La sortie du film d’horreur canadien The Hollow Child nous a donné envie d’en connaître plus sur la genèse du long-métrage. Son cinéaste Jeremy Lutter, originaire de Île de Vancouver dans l’Ouest, a accepté de discuter avec nous pour nous en dire plus sur ce récit énigmatique:
Horreur Québec: Votre film est présenté par Raven Banner, qui présente beaucoup de films d’horreur indépendants. Pouvez-vous nous parler de votre implication avec eux?
Jeremy Lutter: J’ai tout d’abord rencontré Michael [Paszt] quand j’étais au marché du film de Cannes, il y a deux ou trois ans. Nous nous sommes rencontrés à un party scandinave sur le cinéma d’horreur. Il s’est rappelé de moi par la suite et m’a offert de travailler avec moi.
HQ: Plusieurs films d’horreur canadiens indépendants choisissent de baigner dans des thèmes mélodramatiques. À ce niveau, diriez-vous que The Hollow Child est un film d’horreur avec des touches dramatiques ou un drame avec des parcelles horrifiques?
JL: Je dirais que le film est un thriller avec des éléments d’horreur. Le film raconte le drame de cette jeune fille qui tente de se recréer une famille. Je comprends pourquoi tu soulignes le côté dramatique. Il y a aussi des touches de contes de fées, dans le film. Ben Rollo, mon scénariste a fait un travail phénoménal et mon actrice a été au-delà de mes attentes. Jessica [McLeod] a été la meilleure en audition et elle a joué dans le film Scary Movie 4.
HQ: Quelles sont les origines de votre monstre? On a cette impression qu’il y a une mythologie qui l’entoure. Pouvez-vous nous en parler?
JL: Je connais Ben depuis ma seconde année de secondaire et il a toujours été mon ami depuis. Nous avons fait plusieurs courts ensemble et quand est venu le moment de tourner un long-métrage, il a voulu faire un film de monstres. À la place des vampires et des loups, nous avons opté pour cette idée de substitution d’enfants. Nous avons fait beaucoup de recherches et il y a une très grande quantité de récits où les gens mentionnent avoir été en contact avec des personnes qui auraient subitement été suppléées par des clones ou autres. Si vous lisez certains des vieux articles parus, c’est incroyable. Il y a même eu des cas de meurtres où le meurtrier mentionnait n’avoir assassiné que la doublure.
Suite à une projection du film à St-John, nous avons aussi parlé avec des gens dont les histoires sur le sujet étaient terrifiantes. Il y a des endroits où ce genre de récits, avec des fées et des changements de personnes, sont très à la mode. Les gens nourrissent une sorte de folklore autour de cette idée. Nous aimions aussi l’idée qu’une personne qui subissait une disparition pouvait revenir entièrement transformée. Pour moi, cette substitution est une forme de métaphore pour aborder la maladie mentale également. Je suis toujours celui qui rationalise dans notre duo. Si nous étions dans la série The X-Files, je serais Scully et Ben serait Mulder. (Rires)
HQ: J’ai particulièrement aimé la manière de filmer la forêt dans le film, qui devient cet antre cauchemardesque. Pouvez-vous nous parler de votre travail sur la forêt et votre manière de la montrer?
JL: Nous avons tourné le film dans le secteur de Vancouver et il prend place dans deux mondes. Il y a celui qui inclut la société et il y a les bois de l’autre côté. D’une certaine manière, je crois que j’avais en tête un certain film appelé The Village de M. Night Shyamalan. Je voulais que tout soit vert et nous avons essayé de camoufler ce qui ne l’était pas. La forêt que je visualisais ressemblait à celle qu’on retrouve sur l’Île de Vancouver. C’est la forêt de mon enfance, avec des arbres énormes.
HQ: Les récits entourant Linda Blair lors du tournage de The Exorcist sont nombreux, puisqu’on la disait trop jeune pour comprendre une partie de ce qu’elle jouait. Comment s’est déroulé pour toi la direction d’une fillette qui devait jouer ce qui ressemble à une possédée?
JL: J’avais déjà eu la chance de travailler avec des protagonistes plus jeunes. J’ai eu une jeune actrice très mature et ça été facile pour moi. Ce n’est pas si différent que de diriger des adultes, à plusieurs niveaux. Hannah [Cheramy] est venue sur le plateau avec ses références et elle s’inspirait beaucoup de Gollum du film The Lord of the Rings pour sa prestation.
HQ: La présentation de la créature rappelle beaucoup les monstres des années 1980. Avais-tu quelque chose en tête pour travailler sur son apparence?
JL: Le monstre est une collaboration entre moi et Dallas Harvey, un excellent maquilleur. Il a travaillé avec moi auparavant. J’ai grandi dans les années 1980, alors je suppose qu’elles m’inspirent. J’aime beaucoup les effets spéciaux plus pratiques. On peut dorénavant voir un Yoda CGI en 3D, mais je préfère quand même la marionnette Yoda. C’est difficile de faire des effets plus pratiques et de leur donner un aspect réel, mais nous avons quand même essayé. Nous avons aussi construit un plateau pour certaines scènes de la caverne. Quand j’ai lancé le projet du film, les gens assumaient que j’allais utiliser le numérique pour à peu près tout. Il était surpris, par la suite, quand je leur disais que je voulais construire un robot.
HQ: Doit-on s’attendre à un autre film après The Hollow Child?
JL: Je travaille actuellement sur un film appelé We Came from the Sea, ayant pour thème la dépendance. C’est un thriller qui se construit un peu sur la métaphore des récits de loups-garous. Cet homme essaie de lutter contre la bête en lui. Ce n’est donc pas directement un film avec un homme loup.
Nous espérons revoir Jeremy Lutter au générique d’un film très bientôt et nous lui souhaitons la meilleure des chances dans ses futurs projets.
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