Un jeune couple de nouveaux mariés, Stefan (John Karlen) et Valérie (Danielle Ouimet), se retrouve dans un hôtel à Ostende, en Belgique. De là, les deux tourtereaux feront la rencontre de la mystérieuse Comtesse Bathory (Delphine Seyrig) et de sa séduisante secrétaire Ilona (Andrea Rau), alors qu’au même moment, plusieurs crimes envers de jeunes femmes ont lieu dans la ville.
On ne compte plus les films où la légendaire histoire d’Erszébet Bathory, qui assassina des centaines de femmes durant le XVIe siècle, ont été produits au cinéma où même le Québec a eu sa version plus ou moins bien accueillie avec Eternal, en 2004. Mais rares sont les films inspirés à propos de cette histoire qui furent racontés avec autant d’élégance, de beauté et de sensualité. Ni historique et encore moins biographique, Les lèvres rouges (retitré Daughters of Darkness aux États-Unis et Le rouge aux lèvres au Québec et en Belgique) est une histoire de vampires inspirée des événements qui se sont déroulés en Hongrie, mais plaquée en Belgique durant les années 70.
Co-production entre la Belgique, la France et l’Allemagne (et tourné en anglais), c’est le réalisateur belge Harry Kümel qui se retrouva aux commandes de ce drame vampirique où horreur et sensualité allaient magnifiquement se côtoyer. C’est le 28 mai 1971 que Les lèvres rouges prit l’affiche dans les salles obscures.
Dès ses premières minutes, on ne peut ignorer la sublime photographie d’Eduard van der Enden. Dominée par le rouge et le bleu, la très belle palette de couleurs ajoute aux textures des décors et des magnifiques costumes, en grande partie portés par Danielle Ouimet, et ajoute à l’esthétisme du film jusqu’à en faire un personnage à part entière. À cela s’ajoute l’hypnotisante musique du compositeur François de Roubaix (Le samouraï, Le vieux fusil), également un des personnages centraux du film sans lequel le film perdrait quelques plumes de sa personnalité.
La grande force de Daughters of Darkness est probablement sa distribution minimaliste dominée par ses deux actrices. La grande Delphine Seyrig (Peau d’âne, Le charme discret de la bourgeoisie) mène le bal accompagnée de la nouvelle venue et plus que ravissante Danielle Ouimet (Le diable est parmi nous, Les signes vitaux), qui faisait énormément jaser au Québec avec ses films Valérie et L’Initiation. La beauté de cette dernière est constamment mise en valeur, alors que le jeu de Seyrig (et sa douce voix rauque) est probablement le plus grand intérêt du film. À leurs côtés se retrouvent John Karlen (House of Dark Shadows) et Andrea Rau (Beyond Erotica) qui vient compléter le trio de beautés fatales.
Somme toute, Les lèvres rouges est un film de vampires assez singulier où classe et joliesse y jouent un rôle majeur. Rarement très graphiques, les scènes de violence aiment suggérer plutôt que de nous offrir un bain de sang lors des scènes de meurtres. Le gore se faire presqu’absent et son réalisateur met surtout l’emphase sur son élégante mise en scène, l’atmosphère glauque, le rythme plutôt lent et, bien entendu, sur la plastique de ses trois actrices. Un petit trésor de l’horreur caché, certainement à découvrir et à faire découvrir.
Les lèvres rouges sera présenté dans le cadre du Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ) le 18 septembre 2019 à l’ENAP à Québec.
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