Lorsqu’une jeune femme et un jeune enfant sont assassinés et dévorés par un requin tout près d’une plage, le shérif local d’un petit village (Roy Scheider) décide, avec l’aide d’un biologiste (Richard Dreyfuss) et d’un marin (Robert Shaw), de pourchasser l’animal meurtrier. Adaptation du roman du même nom sorti en 1974, Jaws (ou Les Dents de la mer) est l’œuvre de l’auteur Peter Benchley, également co-scénariste du film. Réalisé par Steven Spielberg avec un budget de seulement 7 millions de dollars, c’est le 20 juin 1975 que son cinquième long-métrage prit l’affiche en Amérique du Nord. Dès lors, le cinéma d’horreur accueillait son tout nouveau monstre.
Dévorer la compétition
Le succès de Jaws fut immédiat! Dès le premier week-end, il rentabilisa l’entièreté de ses coûts pour finir sa course avec un immense 470 millions de dollars au total. Il fut également considéré comme le plus grand succès de tous les temps, pendant non moins de deux ans, avant qu’un certain Star Wars s’empare de la planète entière et le détrône, en mai 1977.
D’ailleurs, le film de Spielberg fût sacré premier blockbuster américain à gros budget que les grands studios hollywoodiens sortent dès le début mai jusqu’au début septembre, couvrant ainsi entièrement la période estivale. Une tactique marketing efficace qui n’a jamais cessé, encore à ce jour.
Idole instantanée
Sa réception favorable n’est pas une surprise. Alors âgé de seulement 27 ans, Spielberg était déjà en pleine possession de ses moyens. Une réalisation déjà hyper maîtrisée capable d’installer et – surtout – de garder une tension pendant deux heures avec plusieurs plans-séquences, des contre-plongées et la superbe direction photo de Bill Butler. Bien sûr, plusieurs autres éléments font partie de la recette gagnante de Jaws…
Ce n’est pas d’hier que le réalisateur pousse la technologie un cran plus loin et avant Jurassic Park et Ready Player One, il y a eu ce fameux requin mécanique qui, encore à ce jour, impressionne par sa véracité. Alternant les plans de sa machine à ceux d’un réel prédateur des mers, le jeune Steven a su créer et susciter rien de moins qu’une peur collective pour les requins et les baignades estivales. Mais cette peur n’aurait jamais été aussi efficace – voire possible – sans l’aide du personnage le plus important du film: sa musique…
Mythique musique
Collaborateur fidèle du réalisateur et monument dans le domaine, John Williams retrouvait ici Spielberg pour leur deuxième collaboration, un an après The Sugarland Express. Tout comme Psycho, quelques notes bien simples qui font toutes la différence et qui sont maintenant imprégnées dans l’inconscient collectif. Qu’on ait vu Jaws ou non, tout le monde connait son thème tout aussi terrifiant que le requin, sinon plus.
Et puisque le principal concerné ne se montre pas le bout du nez avant la 62e minute de ses 124, la musique y joue un rôle majeur alors que le spectateur se ronge déjà les ongles sans avoir aperçu rien d’autre qu’une nageoire dorsale déambuler parmi les vagues. Un personnage à part entière habilement utilisé et qui n’a surpris personne en remportant l’Oscar de la meilleure musique, en mars 1976.
Copier-coller
Évidemment, qui dit succès dit suite. Avec un tel impact dans le monde du cinéma, c’est sans surprise que Les Dents de la mer a obtenu son lot de mauvaises suites – trois, pour être plus précis – essentiellement centrées sur le nombre de victimes où les qualités techniques ont été troquées pour des meurtres graphiques. Brillants par l’absence de Spielberg, aucun de Jaws 2 (1978), Jaws 3-D (1983) et Jaws: The Revenge (1987) n’est arrivé à la cheville du metteur en scène original.
Faisant partie du courant cinématographique sharksploitation qui a suivi le succès du film, ces nanards ne comptent pas les nombreux navets produits, encore à ce jour, mettant en vedette un ou plusieurs requins diaboliques. Nous avons eu droit à toutes les sauces possibles avec Deep Blue Sea, 47 Meters Down, Sharknado et autres films de série B dont le catalogue est plus qu’impressionnant.
N’ayant pris aucune ride malgré ses 45 bougies et devenu rapidement culte malgré un tournage des plus difficiles, Jaws n’est rien de moins qu’un chef-d’œuvre! Avec un solide trio d’acteurs formé de Roy Scheider (Naked Lunch), Richard Dreyfuss (Close Encounters of the Third Kind) et Robert Shaw (The Deep), son réalisateur en plein contrôle, la superbe direction photo, sa musique iconique et gagnant de trois Oscars sur quatre nominations (celui du meilleur film est allé à One Flew Over the Cuckoo’s Nest de Miloš Forman), pas étonnant que ce film à petit budget n’ait jamais perdu de sa fougue et de son mordant en se laissant encore parfaitement dévorer.
JAWS est maintenant disponible en version 4K Ultra HD depuis le 2 juin 2020.
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