«I think Wrong Turn is going to go down in history as a film that’s very faithful to the genre, because it’s so credibly scary.»
— Stan Winston
«Well, I need to remind you of a little movie called Deliverance.»
— Scott
Voulant éviter un retard à un rendez-vous d’embauche, un jeune homme quitte les embouteillages de l’autoroute pour prendre un raccourci en forêt. Son plan tourne au vinaigre lorsque sa Mustang décapotable accroche violemment la camionnette d’un groupe de jeunes immobilisé suite à une crevaison. Très vite, ils vont tous découvrir que ce pneu à plat n’est pas un accident, mais la stratégie d’un groupe de cannibales meurtriers pour se trouver de la nourriture.
Disons-le d’entrée de jeu, Wrong Turn (Sortie fatale) respire l’opportunisme. Pour une mise de fonds de 12,6 millions, ce premier volet en a rapporté 28,6. Le profit ne semble pas si exaltant, mais il représente surtout peu de risque de la part des créateurs. Quelques semaines après la sortie de House of 1000 Corpses de Rob Zombie, qui proposait déjà une relecture des thèmes de The Texas Chain Saw Massacre, et trois mois avant la parution du remake officiel du classique de Tobe Hooper, ce premier volet de la saga prenait l’affiche. Profitant certainement de la vague médiatique entourant la saison finale de la série Buffy the Vampire Slayer, le choix de l’actrice Eliza Dushku s’est certainement avéré un atout pour remplir les salles.
Si la franchise Friday The 13th doit énormément à Tom Savini, qui avait rehaussé le premier épisode avec ses maquillages, le Wrong Turn original fait office de plateau d’argent sur lequel le légendaire Stan Winston sait exposer son savoir-faire. En 2003, il fut une période où l’horreur peinait à s’affranchir de l’humour et l’oncle Stanley a eu envie de revenir aux sources. L’homme derrière les créatures et les effets sanglants agit ici aussi à titre de producteur. Lors d’une entrevue, il a affirmé: «J’ai lu le scénario et je trouvais que c’était l’un des plus effrayants que j’avais lu depuis des lustres. Je veux dire, j’ai adoré ces films d’horreur ironiques et humoristiques qu’ils ont tournés ces dernières années, mais c’était un vrai retour à des trucs vraiment terrifiants. Notre film n’est pas de la poésie et il est aussi effrayant que possible». Il faut noter que la mise en chantier du film est un peu le fruit de son labeur. Winston a reçu le scénario de l’une des têtes dirigeantes de la Stan Winston Productions et a poussé le projet suffisamment pour y impliquer la compagnie de production Summit Entertainment.
Si l’atout numéro un du long-métrage est d’offrir des scènes de charcuteries, l’ajout de méchants colorés est un autre élément non négligeable. Et une fois de plus, Winston s’est investi. Aucunement craintif de se donner un certain crédit, l’artiste a affirmé que: «le scénario original ne présentait pas les personnages aussi bien définis que ce qu’ils sont maintenant. À l’origine, ils n’étaient que trois énormes montagnards.» Pourtant, les fans reconnaissent maintenant le plus maniaque «Three Fingers», la figure paternelle «Sawtooth» et finalement «One-Eye». Il est d’ailleurs assez cocasse de constater que c’est l’acteur Julian Richings (Anything for Jackson) qui fut le premier à endosser les traits du premier du trio, qui deviendra le plus célèbre. Il s’agit du seul sadique à revenir dans les six films, bien que l’acteur n’ait pas repris le rôle dans les volets suivants.
Le très peu prolifique cinéaste Rob Schmidt comprend très bien dans quoi il s’embarque et se sert du scénario et de sa connaissance des films d’exploitation d’antan, qu’il exploite à son tour, pour souligner que son film est une forme de relecture légère d’œuvres majeures. L’un des personnages va même jusqu’à nous mentionner que la scène qu’il vit ressemble au classique de 1972 Deliverance. Mais pourquoi refuser au rip-off ce pourquoi il est créé, c’est-à-dire amuser la galerie avec des thèmes et des procédés qui ont déjà prouvé leur efficacité? Pour la simple raison que dans la plupart des cas, ces remakes inavoués sont ennuyants. Bien sûr, celui qui n’appréciait guère les films d’exploitation des années 1980 trouvera facile d’énumérer une série de défauts au film, mais pour le spectateur qui les apprécie, le voyage est des plus savoureux.
Le débat des critiques se situe surtout au niveau du manque de nouveauté du scénario et de l’exploitation gratuite de moments gore. Si cette précision des experts est très valable, il ne faudrait tout de même pas oublier que les spectateurs que les créateurs tentent de rapatrier dans les salles sont ceux qui désirent absorber cette logistique. Cela ne place pas Wrong Turn parmi les films importants de l’histoire. Cela dit, la reconnaissance du public et de la série lui donne une place de choix sur le barème du divertissement.
Wrong Turn a aussi le mérite d’être rythmé et de présenter des acteurs fort valables pour jouer cette chair fraîche à dépecer. Eliza Dushku est attachante et crédible en «final girl» et Desmond Harrington est adéquat pour former un bon duo avec elle. Malgré un rôle un peu placardé, Jeremy Sisto (May) est amusant en grand romantique et Kevin Zegers (Frozen) et Lindy Booth (Cry Wolf) en amoureux en rut jouent dans le ton voulu.
Presque vingt ans après sa sortie, ce petit série B se regarde encore aussi bien et est devenu la genèse de l’une des franchises les plus populaires du genre. Nous vous encourageons à le redécouvrir.
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