La nouvelle série britannique Netflix Requiem, comptant six épisodes, commence en force: Matilda (excellente Lydia Wilson, Black Mirror, Star Trek: Beyond), violoncelliste londonienne talentueuse mais tourmentée, a l’horreur de voir sa mère se trancher la gorge devant elle juste avant un spectacle. Traumatisée, la jeune femme partira avec son acolyte musical Hal (Joel Fry, Game of Thrones, Ordinary Lies) à la recherche de réponses dans le village de Welsh, terre de champs mystiques, manoirs inquiétants et profonds mystères où, 23 ans plus tôt, une fillette a été kidnappée sans jamais être retrouvée.
Policier surnaturel à mi-chemin entre Broadchurch et The Omen, dont il partage les thèmes, Requiem continue ensuite lentement pour reprendre avec davantage de souffle à mi-course au troisième épisode, nous laissant à partir de là peu de répit.
Chaque personnage semble cacher quelque chose ou ne pas être ce qu’il prétend être, comme on nous a habitué en fiction lorsque ça se passe dans les villages reculés. Les amis sont souvent des ennemis et les secrets s’emboitent comme des poupées gigognes jusqu’à la scène finale, qu’on voit venir comme bien d’autres moments mais qu’on regarde avec une agréable familiarité. Loin des séries récentes qui nous amènent complètement ailleurs (et parfois beaucoup trop loin!), Requiem est comme un bon vieux roman de Peter Straub (Ghost Story): l’ensemble n’a rien d’incroyablement surprenant et on en devine bien souvent les fils, mais on se rend au bout avec bonheur et satisfaction.
La musique, très présente, rend l’ensemble anxiogène par moments et accentue avec brio la tension des scènes-clés. On a privilégié l’instrument de la belle blonde à la frange, le violoncelle, pour ponctuer l’action et nous tendre sur le bout du divan, bien qu’on ne voit jamais rien puisque tout est invisible ou hors-champ. Le plus gros des présences que l’on verra seront des silhouettes dans un miroir, mais on entendra surtout des voix chuchotées, schizophréniques et malveillantes.
Comprenant seulement un visage connu, celui de l’inspecteur Kendrick (Bendan Coyle, Downton Abbey, Murdoch Mystery), la distribution nous présente quelques bonnes performances, entre autres la protagoniste principale Matilda de même que Rose (Claire Rushbrook, Agatha Christie’s Marple), la mère de la petite Casys enlevée d’un parc deux décennies plus tôt et dont on ressent l’immense douleur à chaque instant.
Petits bémols: certaines scènes sont maladroitement montées et font un peu téléfilm sans budget, alors que la production a bénéficié du support de Netflix en plus de celui de la BBC. Aussi, la psychologie du jeune homme qui hérite du manoir est mince et son interprète, très peu convainquant. Dommage…
La fin très ouverte pourrait laisser présager une nouvelle saison, puisque les possibilités sont infinies, mais ce serait sans doute ailleurs qu’à Welsh, puisque tout a été fait ou dit dans cette histoire précise. Ce serait très bien aussi de laisser les choses ainsi; après tout, pourquoi toujours vouloir une autre saison d’une série qu’on a aimée? Celle-ci en tout cas se suffit.
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