Quelques mois après avoir fait jaser à Cannes, la production canadienne Rumours (Rumeurs), réalisée par Evan Johnson, Galen Johnson et Guy Maddin, nous était présentée au FNC avant sa sortie en salle ce vendredi 18 octobre.
Le film raconte les périples subits lors d’une réunion du G7, alors que les représentants des sept plus riches démocraties du monde se font abandonner sur un domaine et que des événements curieux et inquiétants se produisent autour d’eux.
À travers une brochette d’acteurs composée de Cate Blanchett, Charles Dance, Denis Ménochet et Alicia Vikander, notre Roy Dupuis national brille de tous ses feux.
Alors qu’il était de passage au festival pour faire la promotion du film, Horreur Québec a eu la chance de lui parler.
Horreur Québec : En lisant le scénario, qu’est-ce qui vous a convaincu de faire Rumours?
Roy Dupuis : J’avais déjà travaillé avec Guy Maddin sur The Forbidden Room et il m’a donné probablement les trois plus belles journées de tournage de ma vie avec ce petit film. On l’a tourné à Montréal, les montagnes étaient en papier mâché et je faisais semblant de marcher à travers des arbres. J’avais l’impression d’avoir cinq ans et de m’amuser dans ma cave. Je connais aussi l’œuvre de Guy et je l’aime.
Il m’a d’abord envoyé le scénario et après l’avoir lu, je l’ai rappelé pour lui dire que je refusais. Ça faisait trois ans que j’étais dans À cœur battant et j’étais fatigué de jouer de grosses émotions. Pendant quatre jours, le personnage me hantait, alors je l’ai rappelé pour lui dire que j’aimerais le faire s’il n’était pas trop tard, car j’avais déjà commencé à travailler dessus. C’est le genre d’histoire écrite comme une pièce de théâtre. On ne change pas un mot dans ce genre de scénario.
HQ : Vous y travaillez avec des acteurs aussi impressionnants que primés mondialement. Est-ce qu’un des comédiens cinq étoiles avec lesquels vous jouez dans ce film vous a davantage impressionné?
RD : C’est sûr que Cate [Blanchett] est fabuleuse. Nous avons tourné 20 nuits tous ensemble. C’est une expérience particulière. Même Charles [Dance] n’avait jamais fait ça, et il a tout fait dans sa carrière. Personne ne souhaitait tirer la couette de son côté. Cate est généreuse et talentueuse. Tout le monde était à sa place. Jouer avec de bons acteurs, ça aide à bien jouer. Nous étions tous là pour les bonnes raisons. Je ne vois pas beaucoup d’acteurs qui refuseraient un film comme ça.
HQ : De tous les thèmes abordés dans Rumours, quel est celui que vous jugez le plus important?
RD : Le fait que la réalité change rapidement présentement, et ce, à cause des intelligences artificielles. Plus on avance dans le film, moins on reconnait la réalité. Pour moi, le gros cerveau est un peu cette transformation de l’intelligence. C’est difficile de prévoir l’avenir. Les jeunes ne savent plus en quoi étudier, car on ne sait pas dans quel domaine on aura des besoins. On aime parfois faire croire qu’on sait où l’on va, mais ce n’est pas vrai.
HQ : Votre personnage qui représente le Canada est rapidement déconnecté de cette réunion et semble savoir séduire les autres pays. Avez-vous le sentiment que le Canada séduit les autres?
RD : C’est l’une des interprétations que l’on peut en faire. C’est une sorte d’adolescent romantique. Maxime séduit de par ses caractéristiques. Oui, on pourrait dire que le Canada a un aspect séducteur. Durant les répétitions, Guy nous a dit que si le Canada faisait partie du G7, c’était à cause de Pierre-Eliott Trudeau. Il avait un charisme et était une super star internationale, mais il brillait à l’international. Au national, c’est autre chose.
HQ : On remarque quand même dans votre filmographie que vous aimez le cinéma d’auteur et les rôles audacieux. Rumours s’ajoute à la liste.
RD : C’est ce qui me parle le plus. J’ai un penchant pour l’art. L’art, c’est aller là où tu n’es jamais allé. Je veux être surpris par les scénarios que je lis. Je veux en sortir avec un autre point de vue. Souvent, ces scénarios sont portés par de grands artistes.
HQ : Vous avez tourné dans plusieurs films de genre. Pensez-vous que le fantastique et l’horreur peuvent aider à véhiculer des messages sérieux?
RD : C’est une façon de faire passer la pilule. Molière a toujours pris des thèmes sérieux pour faire rire. Le divertissement, peu importe le genre, aide certainement à faire passer des idées trop violentes à accepter.
HQ : C’est assez rare de voir un film fantastique sélectionné pour la prestigieuse croisette. Avez-vous été surpris?
RD : Tout le monde veut aller à Cannes et je m’attendais à ce qu’on y aille, mais vous avez raison. Le lendemain de la projection, les journalistes nous disaient que ça faisait du bien de rire à Cannes. Je ne suis pas un habitué de Cannes, mais les gens étaient surpris de rire. C’est un film très artistique, et c’est le film le plus accessible de Guy.
Si vous avez raté la projection de Rumours au FNC, sachez que le film sera à l’affiche à partir du 18 octobre. Nous vous conseillons de voir cette astucieuse blague filmique.
Lisez notre critique de Rumours.
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