Sharp Objects Amy Adams Patricia Clarkson

[Critique] Sharp Objects: le livre de chair

Note des lecteurs1 Note
4.5
Note Horreur Québec

Une journaliste doit revenir dans sa ville natale pour tenter d’enquête sur le meurtre d’une jeune fille et la disparition d’une autre. Cette recherche d’informations la replongera dans son passé douloureux où un drame avait eu lieu.

C’est dimanche dernier qu’était diffusé le dernier épisode de la série Sharp Objects, une intrigue policière qui bascule lentement vers le cauchemar. Après le succès aussi bien critique que populaire de la série Big Little Lies, nul ne pouvait avoir le moindre doute quant aux facultés de Jean-Marc Vallée pour porter à l’écran le roman de Gillian Flynn, lui-même encensé par Stephen King, qui avait trouvé l’ensemble déstabilisant. La présence de Jason Blum, le fondateur de Blumhouse Productions, en tant que producteur exécutif, laissait présager un côté plus lugubre.

Les scénaristes ont fait un travail impeccable au niveau de l’adaptation, offrant des dialogues remplies de significations. Si certaines ficelles de l’intrigue semblent un peu grosses, la psychologie des personnages reste très bien élaborée. Il faut dire que le travail de maître de Vallée y est pour beaucoup. À travers un véritable champ lexical du regard, le spectateur découvre les indices et comprend les drames à travers les yeux de l’héroïne. Sa manière de cadrer ses personnages, le montage alterné d’une précision chirurgicale et son insistance sur certains détails donnent une épaisseur à cette histoire d’horreur. La chorégraphie visuelle souligne le malaise, la maltraitance et la douleur, et confère à Sharp Objets un climat très anxiogène.

Poster Sharp Objects HBOLe microcosme proposé par l’abattoir de porcs ou même la maison de poupées deviennent vite un miroir peu flatteur de la ville. Il faut bien le dire, Wind Gap est un endroit qui réduit tôt ou tard le moindre de ses habitants en loque humaine; à cause d’un tueur en série, mais aussi à cause de cette brochette de tordus qui y vivent. Durant les huit épisodes, on déambule dans ce petit village du Missouri, un peu comme on l’avait fait pour la ville de Twin Peaks. La caméra du réalisateur flotte dans les rues à la manière des patins à roulettes de la sœur cadette et nous laisse chercher ce qui ne va pas. Mais le cinéaste canadien va plus loin en y injectant son parti pris habituel pour les chansons populaires. Les chansons sont une grammaire pour Vallée, qui ponctue toujours subtilement les envolées intérieures de ses héros par la musique.

Amy Adams (Arrival) mord avec goût dans ce qui pourrait être le meilleur rôle de sa carrière. En journaliste alcoolique qui se mutile, l’actrice est irréprochable. Elle réussit à rendre cette femme aussi forte que vulnérable. Dans le rôle de sa mère, Patricia Clarkson (The Green Mile) est tout simplement impériale.

Sharp Objects est une mini-série à voir et à revoir. Il s’agit d’un véritable bijou télévisuel et vous devez savoir que l’épisode final renferme deux scènes post générique assez démentielles.

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