On a eu droit à plusieurs adaptations des œuvres de Stephen King dans les dernières années, et The Boogeyman (Le Croque-mitaine) est la plus récente addition au catalogue. L’équipe d’Horreur Québec a eu la chance de voir le film (voir notre critique ici) et de poser quelques questions à sa talentueuse actrice principale, Sophie Thatcher, qui connaît beaucoup de succès récemment, notamment avec la série Yellowjackets qui vient tout juste de conclure sa deuxième saison.
On a profité de l’occasion pour demander à l’interprète américaine — plutôt pétillante lors de notre entretien téléphonique — comment elle avait développé son personnage de grande sœur dans The Boogeyman, ses conseils pour les jeunes actrices, son adaptation cinématographique préférée de Stephen King et bien plus encore.
HQ: Je tiens à vous féliciter pour votre performance. Il était crucial d’avoir une dynamique familiale crédible et vous avez fait un travail fantastique. Votre personnage ne figure pas dans la nouvelle originale de Stephen King, alors comment avez-vous construit Sadie Harper? Quelle part de vous-même avez-vous mise dans le rôle?
ST: J’ai l’impression que quoi qu’il arrive, je finis naturellement par avoir des parties de moi dans le personnage, que ce soit dans mes manières et mes tics quand je suis nerveuse, de toutes petites choses qui ont fini par se prêter au personnage, mais j’ai vraiment travaillé dur avec Rob [Savage, le réalisateur] pour créer le personnage et vraiment tracer son arc émotionnel, ce qui va la changer et la faire évoluer pour qu’elle devienne une badass.
HQ: Comment était Rob en tant que réalisateur? Ses deux films précédents, Host et Dashcam, étaient plutôt du côté des petits budgets tout en étant extrêmement créatifs. Il est donc passé à un autre niveau avec cette adaptation, et je suis curieux d’entendre ce que vous avez à dire sur votre collaboration avec lui.
ST: Il est incroyable, il connaît tout de l’horreur et je l’ai compris tout de suite. Dès notre première rencontre, j’ai compris qu’il était sérieux, qu’il allait faire quelque chose de spécial et qu’il allait s’efforcer de faire le meilleur film possible. Il faut aussi trouver les bases, créer des dynamiques familiales réalistes qui donnent l’impression d’être réelles. Je pense que nous avons fait du bon travail à cet égard. Il a organisé tous ces petits moments pour que nous puissions créer un sentiment de proximité avec la famille. Je pense que cela a contribué à créer un sentiment de familiarité et de proximité au sein de la famille, et si nous n’avions pas eu cela, je ne pense pas que le film aurait fonctionné.
HQ: Absolument, ce qui a rendu ce film si bon à mes yeux, c’est votre relation et votre chimie à l’écran avec la jeune sœur jouée par Vivien Lyra Blair. Je suppose que vous avez créé un certain lien au cours du tournage. Avez-vous eu l’impression de jouer le rôle de la sœur aînée sur le plateau également?
ST: De manière intéressante, oui et non. En fin de compte, j’avais l’impression d’être sur un pied d’égalité parce qu’elle est tellement intelligente, et même si elle a 12 ans de moins que moi, c’est une professionnelle. Elle est tellement intelligente et possède tellement de talents différents. Elle aime la musique, elle aime écrire; il y a tellement de choses qui nous rapprochent. Je voulais vraiment influencer ses goûts et lui montrer de nouvelles choses, mais elle me montrait aussi constamment de nouvelles choses.
HQ: Que lui avez-vous montré, par exemple?
ST: Je l’ai vue pendant notre tournée de presse il y a quelques jours. Ça faisait longtemps que je l’avais vue et je lui ai offert — elle est peut-être trop jeune pour ça — l’autobiographie de Kim Gordon, Girl in a Band: A Memoir. Je lui ai dit: «Attends trois ans avant de lire ça».
HQ: En regardant votre filmographie, on a l’impression que vous appréciez les genres, qu’il s’agisse d’horreur ou de science-fiction. Est-ce quelque chose que vous recherchez lorsque vous choisissez vos projets?
ST: Je ne pense jamais spécifiquement aux genres. C’est tout simplement ce vers quoi j’ai gravité, et parce que j’ai commencé avec ce genre, les gens me voient dans ce genre et réalisent que je peux m’épanouir dans ce monde accablant et surmonter beaucoup de choses. Je pense que les gens voient que je peux avoir du sens dans cet univers, mais je veux explorer beaucoup de genres différents et jouer des personnages qui sont complètement différents de Sadie ou Natalie [Yellowjackets].
HQ: À ce propos, y a-t-il un projet de rêve ou quelque chose que vous aimeriez vraiment faire ?
ST: J’aimerais jouer davantage avec des pièces d’époque… Je joue dans une série d’époque qui se déroule dans les années 90 grâce à Yellowjackets, mais même si je n’ai pas vécu les années 90, j’ai l’impression qu’une grande partie des années 90 a été recyclée maintenant, donc ça ne compte pas vraiment. Je veux jouer dans une pièce d’époque victorienne, je veux faire quelque chose de fou. Je veux explorer les accents, je veux explorer les perruques, je veux être méconnaissable.
HQ: Vous avez travaillé sur Prospect en 2018, un film axé sur les effets visuels. D’une certaine manière, avec The Boogeyman, vous avez également dû faire preuve d’imagination parce que vous travailliez dans un environnement d’effets visuels. Quelle est votre approche avec ces scènes?
ST: Vous devez simplement puiser dans votre mémoire et dans les expériences qui vous font ressentir certaines choses ou utiliser votre imagination et penser: «Et si [il se passait telle chose]…?». Il existe de nombreuses possibilités de situations effrayantes. Ce n’était pas comme si j’avais créé une créature très spécifique dans ma tête, mais c’était plus comme un sentiment évoqué par la création d’une image de quelque chose. C’était plus abstrait que de penser à un monstre effrayant. Mais j’ai l’impression d’avoir dû faire beaucoup de choses de ce genre, et beaucoup d’acteurs doivent s’habituer à utiliser leur imagination parce que parfois nous parlons à une marque bleue, et c’est notre personnage pour la scène. Il faut passer en mode crise avec un point bleu.
HQ: À ce propos, avez-vous un conseil à donner aux jeunes acteurs ou actrices qui essaient de percer dans le métier?
ST: Je dirais de continuer à faire des self-tapes. Faites-les avec n’importe quelle personne avec qui vous vous sentez à l’aise. Filmez vos propres films, écrivez vos propres scénarios. Si rien ne se passe pour vous, écrivez vos propres scénarios et mettez-les sur Vimeo. Peut-être que les gens les regarderont, peut-être pas, mais s’ils ne les regardent pas, continuez à en faire. Continuez à créer du contenu.
HQ: C’est un excellent conseil. Et que recherchez-vous lorsque vous travaillez avec un·e cinéaste?
ST: J’adore collaborer et je veux toujours que quiconque soit capable de m’écouter et ne soit pas complètement coincé·e dans ses habitudes, même si ça ne m’est jamais encore arrivé. J’aimerais aussi… C’est très différent de travailler avec des réalisatrices parce que j’ai l’impression qu’il y a une ouverture d’esprit que je n’ai jamais eue avec des réalisateurs. Il y a déjà une certaine compréhension, et j’ai remarqué que le plateau est parfois plus léger lorsque je suis entourée de femmes.
HQ: C’est très intéressant. Quel genre d’environnement y a-t-il sur le plateau de Yellowjackets?
ST : Oui, Yellowjackets est assez hétérogène, avec beaucoup de gens de tranches d’âge et de milieux différents. Je pense que c’est formidable d’avoir autant de contributions et de points de vue différents. Je pense que cela rend l’histoire plus équilibrée.
HQ: Avez-vous une journée préférée sur le plateau de tournage de The Boogeyman et peut-être une journée moins préférée?
ST: [Rires] Hmm… Je vais commencer par le jour que j’ai le moins aimé. C’était n’importe quel moment du combat final, mais ça a duré une semaine entière. Je dirais que le jour que j’ai le moins aimé, c’est quand mon personnage invite ses amies à une fête et que c’est complètement silencieux. Elle floppe totalement et c’est vraiment gênant. J’ai ressenti cette anxiété sociale en moi parce que j’avais l’impression d’être à nouveau à l’école, et c’était si douloureusement silencieux. C’était gênant, et je canalisais vraiment cette anxiété que l’on ressent quand on est à l’école.
HQ: Comme dernière question, je suis curieux de connaître vos goûts cinématographiques. Avez-vous un film à apporter sur une île déserte ou une adaptation de Stephen King que vous préférez?
ST: Pour un film de Stephen King, The Shining, sans aucun doute. Si j’ai à choisir n’importe quel film… 28 Days Later.
HQ: J’adore. Merci beaucoup pour votre temps!
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