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[SPASM 2018] Les Insolites Québécois: les hauts et les bas d’ici

On ne le répétera jamais trop: le cinéma de genre québécois regorge de talents et il est impératif d’en encourager ses artisans afin d’avoir davantage de films de chez nous. La soirée Les Insolites Québécois en est la parfaite illustration et c’est l’occasion rêvée de faire de belles découvertes.

Malgré que cette édition ne passera pas à l’histoire, quelques courts-métrages sortent du lot et il sera intéressant de suivre l’évolution de certains des cinéastes présentés.


Destrier de Philippe David Gagné (Québec, 2017, 7 min.)

Dans cette sympathique petite vignette, Guillaume tente de reconquérir le coeur d’une jeune fille sur les glaces d’une baie gelée. Le résultat est fort réussi et cette joute médiévale des temps modernes parvient à nous faire rire. La prémisse, mille fois présentée, sort du lot par son utilisation de l’hiver québécois et de motoneiges. Seul petit bémol, le son des dialogues était trop bas lors de la projection, ce qui nous empêchait de bien comprendre les personnages. On leur pardonne facilement, car loin d’être essentiel, c’est carrément la gestuelle qui transpose le message.

Destrier capture écran

Poisson de mars de Pierre-Marc Drouin et Simon Lamarre-Ledoux (Québec, 2017, 14 min.)

Atteint de dépression, Louis se rend à contrecœur à l’anniversaire de son détestable frère, accompagné de sa toute aussi désagréable sœur. Lorsqu’il découvre qu’ils lui préparent un poisson d’avril, c’en est trop. Véritable surprise de la soirée, cette comédie dramatique familiale vous submergera de délicieux malaises et de situations pour le moins absurdes teintées d’un humour noir assez décapent. La liste des acteurs québécois est impressionnante: Steve Laplante, Salomé Corbo, Alexandre Goyette, Louise Bombardier, Richard Fréchette et j’en passe. Ils sont tous fidèles à leur talent et livrent très bien la marchandise. Poisson de mars s’inscrit dans la même catégorie des coups de coeur que Ruby plein de marde vu dans l’édition 2017.

Poisson de mars capture écran

Fontaineblues de Akim Gagnon (Québec, 2018, 9 min.)

Dans la nuit du 20 décembre, Clara part retrouver sa sœur Sara qui s’est enfermée dans la salle de bain de son logement dans Hochelaga. À la base, le court-métrage de Gagnon devait être de 30 minutes et ce dernier s’est fait fortement conseiller de raccourcir son oeuvre. À la fin du visionnement, on aurait aimé avoir le format original, car Foutainesblues semble un peu brouillon. On aurait voulu en savoir davantage sur le mystère entourant l’une des deux soeurs. Dommage, car le réalisateur dirige bien ses actrices et le tout est magnifiquement tourné.

Fontaineblues capture écran

Système nerveux central de Hugues Provencher (Québec, 2018, 20 min.)

Kevin est passif. Il n’a pas beaucoup d’enthousiasme. Son ami Joe a peut-être trouvé la solution à ce problème. Suite du court Le secret du plaisir, présenté l’an dernier, Système nerveux central n’est certainement pas du même calibre. Ni drôle ni psychédélique comme son prédécesseur, le court semble interminable. L’humour cabochon et adolescent ne parvient pas à faire rire et, par le fait même, ennuie. Soulignons toutefois la rencontre entre Yannick Chapdelaine (Boomerang), interprétant un vendeur de drogue complètement disjoncté, et Alexand Fournier (Sang Papier) qui parviendra sans doute à vous soutirer un sourire.

Système nerveux central capture écran

Sami de Jérôme Léger (Québec, 2018, 11 min.)

Un jeune soldat doit combattre l’ennemi, mais aussi l’ennui. Seul au fond de sa tranchée, il trouve un réconfort inattendu. Présentée en grande première, l’oeuvre toute chaude de Léger traite de façon créative et divertissante un sujet qu’on a pu voir à maintes reprises: notre dépendance au téléphone cellulaire. Le résultat est impressionnant et on ne peut que constater le talent indéniable du réalisateur. Espérons que le court-métrage fera réfléchir certaines personnes!

Sami capture écran

Piu Piu de Nicolas Legendre (Québec, 2018, 14 min.)

Piu Piu est une histoire sur la confiance en soi et le deuil, mettant en vedette un homme et sa perruche. Nicolas Legendre nous revient avec un autre court-métrage fort sympathique sur le désir d’atteindre ses rêves. Les discussions avec sa perruche sont drôles, absurdes et, parfois même, touchantes. Tout comme dans Petit Poulet, présenté également l’an dernier, le cinéaste démontre qu’il sait diriger des acteurs avec brio et ce, même dans des scénarios complètement insensés.

Piu Piu capture écran

Beurre Noir de Jimmy G. Pettigrew (France/Québec, 2017, 20 min.)

Un brocanteur de souvenirs est prisonnier à l’intérieur d’un triangle amoureux terriblement malsain. Il s’enfonce alors dans un monde fantasmatique pour fuir son horrible réalité et tenter de montrer ce qu’il est vraiment. Ce qui saute aux yeux avec Beurre Noir est son esthétisme. Rappelant Cronenberg (eXistenZ, The Fly) ou Caro et Jeunet (Delicatessen, La cité des enfants perdus), Pettigrew (Montréal Dead End) nous amène dans un univers crasseux et malaisant. Jean-Gabriel Nordmann (Napoléon) offre une performance sobre et toute en finesse. Malheureusement, l’ensemble demeure froid et ne parvient pas à nous engager dans cette triste histoire. Pettigrew demeure quand même un réalisateur à surveiller grâce à son talent pour présenter des tableaux visuellement riches.

Beurre Noir capture écran

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