C’est le 5 avril prochain que paraîtra, juste après les célébrations de Pâques, The First Omen, un antépisode du classique de 1976 de Richard Donner qui nous racontait l’enfance du fils du Diable en personne. Les producteurs mentionnent que cette nouvelle histoire compte explorer les origines démoniaques de Damien en nous en révélant davantage sur sa mère, mais aussi sur la genèse de sa naissance.
Horreur Québec a pensé à vous rafraîchir la mémoire avec un récapitulatif de cette franchise qui comprend cinq films, dont un remake produit en 2006, ainsi qu’une série télévisée. C’est parti!
The Omen (1976)
Un ambassadeur américain, qui a substitué son enfant mort-né à un orphelin à l’insu de sa femme, en vient à soupçonner son fils d’être une incarnation de l’Antéchrist.
L’année 1976 fut marquante pour les progénitures inquiétantes au cinéma. Parmi d’autres films devenus des classiques (Carrie, Alice Sweet Alice), The Omen illustre très bien cette peur collective face à une jeune génération posant des questions et cherchant à s’affranchir de la religion. Difficile aussi de ne pas penser au scandale du Watergate, choc politique majeur incluant l’administration de Richard Nixon survenu deux ans plus tôt, quand on y perçoit les craintes et l’intégrité du milieu politique.
Pourtant, impossible de ne pas faire de liens avec The Exorcist, succès monstre que plusieurs ont essayé d’imiter. Après le film de Friedkin associé à son nom, Warner a envisagé produire The Omen, mais le manque de conviction du studio a poussé le scénario chez Fox, qui voulait profiter de l’impact de Regan MacNeal pour amasser des billets. Un peu à la manière dont la franchise Friday the 13th prendra plus tard les ingrédients savoureux d’Halloween pour en faire une sorte de relecture, le scénario de The Omen calque plusieurs éléments du film The Exorcist.
Ce qui détonne avec le cinéma d’horreur actuel, c’est la présence d’acteurs légendaires au sein de ce film de seconde zone inoubliable. Gregory Peck venait tout juste de traverser un deuil à la suite du suicide de son fils au moment de tourner The Omen. Plusieurs personnes ont souligné que sa performance dans le rôle d’un père de famille refusant de tuer son fils démoniaque était imprégnée de son malheur. Lee Remick avait quant à elle brillé dans A Face in the Crowd et le classique Anatomy of a Murder, avant de recevoir une nomination aux Oscars pour Days of Wine and Roses. David Warner avait aussi une filmographie non négligeable à son actif, incluant des films comme Tom Jones et Straw Dogs lorsqu’il est monté à bord du long métrage. L’interprétation dans The Omen est irréprochable et confère une crédibilité à certaines idées moins recherchées du scénario.
Les péripéties horrifiques dans The Omen ponctuent les épisodes bourgeois dans lesquels la famille Thorn tente d’afficher sa fausse normalité. Peck incarne tout de même un ambassadeur américain en Grande-Bretagne et sa femme aime bien souligner qu’il pourrait bientôt devenir le président des États-Unis. Superposée à l’opulence de leurs vies, l’horreur trouve un véritable créneau et donne des frissons. Qu’il s’agisse du suicide surprise de la gouvernante lors d’une garden-party, de la rage des babouins contre le petit garçon lors d’une visite dans un parc faunique ou du bonheur sur le visage de Damien lorsqu’il constate qu’il a poussé sa mère du balcon avec son infâme tricycle, les passages horrifiques sont des moments de bravoure. Il faut également mentionner que la sublime musique de Jerry Goldsmith ponctue merveilleusement bien chaque frisson généré par l’histoire en amplifiant l’inquiétude.
Damien : Omen II (1978)
Sept ans après les événements tragiques du premier film, Damien Thorn est élevé par son oncle et sa tante et rejoint, accompagné de son cousin Mark, une académie militaire. Le jeune homme ressent très vite sa différence face aux autres garçons et comprend qu’il a peut-être un dessein plus grand et plus sombre que le leur. Il est, après tout, l’Antéchrist qui devra éventuellement gouverner le monde.
Puisqu’il tournait Superman, Richard Donner n’a pas pu revenir à la barre de cette suite. C’est le cinéaste et acteur Don Taylor, qui vient tout juste de réaliser une adaptation de The Island of Dr. Moreau, qui sera chargé de la réalisation. Il réussit à respecter le ton et l’ambiance du premier film avec un certain succès.
Si certains éléments de Damien : Omen II semblent vouloir reproduire le schéma du film à succès que fut le premier opus (la présence d’acteurs légendaires, une série de meurtres chocs et une musique épique), ce qui différencie cet épisode et le rend intéressant, c’est l’affection que Damien entretient pour son cousin, qu’il perçoit carrément comme son frère. Malgré les disciples qui voient à sa sécurité et à son ascension, on ressent la solitude de cet être démoniaque dans la superbe scène où il demande à Mark de marcher à ses côtés dans sa quête.
William Holden, qui avait refusé le rôle de Robert Thorn sous prétexte que le film traitait du Diable, accepte cette fois de jouer le frère de ce dernier. C’est pourtant le jeune Jonathan Scott-Taylor, qui succède à Harvey Stephens dans le rôle de Damien, qui épate le plus. Inquiétant dans la presque totalité du film, l’acteur démontre une certaine vulnérabilité dans certains passages.
Omen III : The Final Conflict (1981)
Maintenant adulte et détenant un certain pouvoir social, Damien Thorn doit composer avec un regroupement de moines qui tente de l’anéantir et avec la venue d’un second sauveur succédant à Jésus Christ pour sauver l’humanité.
Graham Baker signe ici sa première réalisation de long métrage et peu de ceux qui suivront marqueront les cinéphiles, sauf peut-être son Alien Nation qui, pour de bonnes ou mauvaises raisons, s’est taillé une sorte de culte. Sa mise en scène pour Omen III : The Final Conflict est acceptable, mais peine à enjoliver les segments ennuyants de l’histoire.
Cette troisième mouture commence à démontrer un essoufflement. La multitude de monologues lancée par Damien à une statue du Christ alourdit un récit où les revirements semblent plus prévisibles. Par ailleurs, les confrontations finales qu’on nous laisse anticiper depuis le début se concluent de manières boiteuses et fades. L’affrontement entre le bien et le mal n’aura jamais été aussi expéditif.
Sam Neil (Jurassic Park) sauve l’ensemble du naufrage total en offrant une prestation solide et charismatique dans le rôle-titre.
Malgré une trame sonore fort honorable, on sent quand même que Jerry Goldsmith semble avoir moins d’inspiration que pour les deux premiers volets.
Omen IV : The Awakening (1991)
Une avocate et son mari, membre du congrès, adoptent une inquiétante petite fille qui doit peut-être devenir le nouvel Antéchrist pour remplacer Damien Thorn.
Lorsque vous discutez avec des fanatiques d’une franchise ou d’un personnage mythique du cinéma d’horreur et qu’ils sont surpris d’apprendre l’existence d’un ultime volet, ce n’est pas bon signe. Un grand nombre des fans de Damien ont appris l’existence de Omen IV : The Awakening lors de sa parution en coffret DVD de Fox en 2001, présentant une collection de quatre DVD comprenant les trois premiers films et ce risible téléfilm.
Même s’il a été diffusé en salle en Australie et au Royaume-Uni, ce quatrième opus a été vu pour la première fois sur la chaîne Fox aux États-Unis. Il s’agit, certes, d’un vulgaire téléfilm aux recettes éprouvées, mais il faut admettre qu’après trois films, reprendre exactement la même recette sans y injecter la moindre nuance aurait possiblement donné un aussi mauvais résultat si les producteurs avaient destiné cet épisode à une sortie en salles. Le studio avait pourtant un plan : Omen IV devait être le premier de plusieurs suites qu’on prévoyait produire pour la télévision. La très mauvaise réception du film a freiné l’idée.
Ce film tente une relecture de la trame originale sans le moindre risque, finesse ou fantaisie. Avec des moyens plus modestes, on nous remâche exactement la même histoire, en pigeant ici et là des idées des opus précédents. Il en résulte un film d’une stupidité abyssale qu’on souhaite oublier le plus rapidement possible. Les personnages typés sont fades, les scènes de meurtres sont sans envergure et même la musique de Jonathan Sheffer semble surenchérir celle du premier film.
La mise en scène attribuée à Jorge Montesi (Birds of Prey) et Dominique Othenin-Girard (Halloween 5) est déficiente et l’interprétation est aussi inégale.
The Omen (2006)
Un diplomate américain en vient à soupçonner que son fils puisse être l’incarnation de l’Antéchrist.
Si ordinaire soit ce remake tourné 30 ans après l’original, il fait moins de mal à encaisser que l’opus précédent.
Évidemment, on connaît la chanson, mais tournée à une époque avec d’autres traumatismes que le Watergate et la chute de la religion, cette relecture du classique n’offre que peu d’impact. On tente de remettre le scénario au goût du jour en abordant les événements du World Trade Center et d’autres catastrophes, mais l’ensemble semble forcé et n’apporte pas grand-chose de neuf au final.
De son côté, la réalisation fanfaronne plus qu’elle n’innove. La subtilité n’est absolument pas de rigueur et si certains passages affichent une certaine efficacité, il faut désavantageusement les comparer à ceux du film de Donner. Disons-le carrément : rien n’est aussi bon ici.
Sans rivaliser avec les acteurs de 1976, la distribution demeure plus qu’acceptable. Mia Farrow (Rosemary’s Baby) est celle qui tire le mieux son épingle du jeu dans le rôle de Mrs Baylock, l’inquiétante gouvernante.
Damien (2016)
Trente ans après les événements du premier film, Damien Thorn doit maintenant assumer son statut d’Antéchrist.
Après avoir quitté The Walking Dead, le créateur Glen Mazzara s’est lancé dans cette série de dix épisodes abordant le destin de Damien pour la chaîne A&E.
Évidemment, la trame qui sentait le réchauffé depuis longtemps sent, ici, la vulgaire redite. On assume en entrant dans l’aventure qu’on nous servira du déjà vu et il faut bien admettre qu’au niveau de la qualité de production, A&E n’a pas l’étoffe d’AMC.
Dans cette trame, un peu à la manière du second film, Damien n’a pas réellement conscience de qui il est au départ. Rien de nouveau donc sous le soleil, mais l’ensemble n’est pas si déplaisant à défaut d’être véritablement marquant.
Même si les réalisateurs changent d’un épisode à l’autre, l’ensemble maintient une forme d’unicité. Certains noms comme Ernest R. Dickerson (Tales from the Crypt : Demon Knight) ou même Jennifer Lynch (Chained) ont été des noms récurrents dans The Walking Dead, mais la plupart des cinéastes impliqué·e·s ici possèdent un bon bagage télévisuel.
L’acteur Bradley James (iZombie, Merlin) n’est pas si mal en Damien, alors que Barbara Hershey dégage une certaine présence dans le rôle de sa protectrice.
Outre les différentes parutions vidéo, The Omen (1976), Damien : Omen II, Omen III : The Final Conflict et The Omen (2006) sont disponibles via la plateforme Disney+ et en vidéo sur demande.
Omen IV : The Awakening et la série Damien sont disponibles en vidéo sur demande.
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