Après le décevant Predators de Nimród Antal en 2010, c’est avec appréhension qu’on attendait ce nouveau volet des aventures de notre extraterrestre rastafari préféré. Est-ce que la présence à la réalisation de Shane Black (qui faisait partie du casting de l’original de 1987) a permis d’éviter le ratage craint par plusieurs? De toute évidence, non.
Scénariste de plusieurs films cultes des années 80-90 (Lethal Weapon 1 & 2, The Last Boy Scout, Last Action Hero), Black est passé à la réalisation en 2005 avec le verbeux, mais excellent Kiss Kiss Bang Bang. Malheureusement, The Predator ressemble davantage au décevant Iron Man 3 qu’il a porté au grand écran en 2013. Eh oui, depuis les AVP, le prédateur flirte de plus en plus avec le film de super-héros, dénaturant l’essence même de ce qui avait fait la réussite du premier volet réalisé par le talentueux John McTiernan.
Ainsi, à l’instar de Jurassic World, les créatures du passé ne font plus suffisamment peur, alors on nous propose d’insipides créatures hybrides, dont l’originalité se limite souvent à être plus grosse et plus féroce. Je vous épargne le résumé du film (un Predator classique est poursuivi par un Predator amélioré et dans sa fuite, s’écrase sur Terre, perdant une précieuse technologie qui pourrait provoquer l’extinction de l’humanité tout entière).
Si The Predator possède un casting solide composé entre autres de Boyd Hoolbrook (Narco), Thomas Jane (The Mist) et Jake Busey (ce qui fait un amusant clin d’œil à son père Gary qui était de la distribution de Predator 2), la mayonnaise ne prend pas. Shane Black peut bien s’évertuer à offrir à ses interprètes des dialogues riches en rebondissement et des personnalités complexes, The Predator sombre dans le pastiche satyrique qui a trop conscience de lui-même et échoue à transcender le matériau d’origine (à l’instar de la série The Expendables). Ce quatrième volet est peut-être le plus gore de la franchise, mais il parvient difficilement à faire peur, alignant les calembours douteux à la tonne, sans compter plusieurs mises à mort frôlant le ridicule (la palme allant à celle de Sterling K. Brown, le bad guy de service).
Vraiment, la recette du succès du Marvel Universe a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma hollywoodien et c’est dommage de constater que des franchises aussi cultes que celle de Predator n’y échappe pas (et il y a peu de chance que ça change avec le rachat de Fox par Disney). On l’appréhendait déjà à la vision d’Iron Man 3 et de The Nice Guys, mais Shane Black peine franchement à se renouveler et on se demande de plus en plus si ce dernier ne devrait pas se limiter au rôle de scénariste (et même là, on commence à avoir des doutes). Bref, c’est sanglant et on rigole parfois, mais c’est malheureusement à peu près tout. On en veut plus et on veut mieux, est-ce vraiment trop demander?
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