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[Critique] Blood Quantum: l’horreur du colonialisme

Note des lecteurs4 Notes
3.5
Note Horreur Québec

Lorsque Jeff Barnaby est monté sur scène lors de la première de son dernier film Blood Quantum (Rouge Quantum), présenté en première mondiale à l’ouverture du Midnight Madness au TIFF, l’Autochtone québécois s’est adressé à la salle pour expliquer l’origine du titre de son oeuvre; un terme utilisé par certains pour définir l’identité et « quantifier » la pureté du sang des Premières Nations. Il s’agit d’un des films de genre les plus attendus cette année, qui utilise le courant zombie pour s’attaquer à un sujet douloureux au cœur de l’histoire canadienne.

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Barnaby ne perd pas de temps à traiter le sujet: les premières minutes nous confrontent à des saumons qui ne semblent pas mourir, bien qu’ils aient été vidés de leurs entrailles. Un chien revient également à la vie quelques minutes après avoir reçu une balle dans le corps, pour alléger ses souffrances. Puis, ce sont aux humains de se joindre aux morts-vivants, créant un chaos au sein duquel on retrouve la famille dysfonctionnelle de Taylor (Michael Greyeyes), policier de la réserve Red River. Le film fait alors un saut dans le temps et on retrouve les personnages quelques mois plus tard. Jusqu’ici, l’univers piquait notre curiosité, mais ce changement de ton entraîne malheureusement le tout sur un terrain trop familier. Le gore est au rendez-vous, avec quelques scènes particulièrement morbides, gracieuseté des Blood Brothers, mais les clichés aussi. Le film souffrant d’une certaine fatigue du genre n’offre que peu de nouveautés dans le rayon du film de zombies surconsommé dans les dernières années.

Ce qui réussit à différencier Blood Quantum du reste, c’est l’essence sociétale du film. Les autochtones sont immunisés contre la maladie qui rage et la réserve devient un lieu d’asile pour les « townies », ces Blancs qui vivaient dans les villages encerclant Red River. Cette générosité des Natifs ne fait pourtant pas l’unanimité et certains membres y résistent, préférant laisser ces étrangers à eux-mêmes. S’ils affirment que cette crainte est justifiée pour leur bien-être et leur protection, il est évident qu’elle naît plutôt d’une douleur et d’une colère découlant du colonialisme ainsi que de l’oppression perpétrée envers le peuple à ce jour. Il s’agit de l’élément le plus intéressant du film, mais finalement trop peu exploité, servant principalement de catalyseur au désastre qui attend les survivants.

Malgré les nombreuses failles du film, Barnaby nous offre une expérience divertissante, qui porte une réflexion importante non seulement sur un pan de notre histoire, mais aussi sur la diversité et la représentation dans le cinéma de genre. On remarque de plus en plus de cinéastes émergent·e·s, qui proviennent de milieux trop souvent ignorés et rejetés par l’industrie. Les histoires qu’iels ont à raconter vont inévitablement offrir un renouveau dans l’offre culturelle que l’on consomme. Blood Quantum n’est pas parfait, mais tente d’amener l’horreur vers une nouvelle direction, et il n’y a aucun doute que son succès permettra à d’autres cinéastes de faire de même.

N.D.L.R.: Cette critique a originalement été publiée le 13 septembre 2019 dans le cadre de la couverture du Toronto International Film Festival.
Blood Quantum est disponible sur:

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