Alors que la première guerre mondiale touche à sa fin, un soldat canadien expert en tunnel doit guider un escadron dans les tranchées pour anéantir un virus biologique mis en place par les Allemands.
S’ouvrant sur une très belle scène amoureuse qui formera un contraste avec le reste du film, la reconstitution historique de Trench 11 semble un peu laborieuse avant la plongée dans les tunnels. Si le scénario manque de revirements surprenants, c’est avant tout le contexte socio-historique du film qui nous fascine. La première guerre mondiale est beaucoup moins exploitée par le biais du cinéma d’horreur que la seconde, et ici le Canada est impliqué. L’idée n’est pas déplaisante, mais les envolées du complot sont trop simplistes et l’ensemble culmine trop tôt dans le film pour proposer un réel suspense. Il reste la richesse, et l’ampleur d’une multitudes de sous-textes.
Le cinéaste affirmant lui-même avoir rempli son récit d’allégories, il serait dommage de ne pas tenter d’en percer les significations. Son long-métrage a véritablement quelque chose à dire. On peut, cependant, reprocher de répéter des effets de terreur qui se ressemblent et qui alourdissent un tantinet cette excursion dans les couloirs sombres, mais la puissance d’évocation nous foudroie tout de même. Les personnages secondaires manquent de tonus et deviennent un peu trop interchangeables, ce qui atténue aussi la tension occasionnellement, mais nous n’en sommes pas moins confrontés à une expérience sympathique au possible.
La réalisation de Leo Scherman, scénariste et réalisateur ayant travaillé pour les chaînes NBC, Vice, History, Discovery et SyFy demeure assez solide. Il tente de faire des miracles avec un budget plus maigre et ses ambitions, parfois trop grandes, imposent une forme d’admiration. Dirigeant sa caméra dans les couloirs sombres et transformant ce bunker en véritable maison hantée, Scherman semble très bien saisir le rôle du spectateur au visionnement. À travers le long-métrage, on sent qu’il tente de semer sa signature à un film dont le statut «b-movie» semble parfaitement assumé. Sa manière d’illustrer ses créatures offre de très bons moments de «body horror», qui rappellent certains films de David Cronenberg. L’ambiance qu’il dresse ajoute un peu de saveurs aux péripéties. Sans nous faire approuver les insuffisances du long-métrage, la mise en scène nous permet de les tolérer.
L’interprétation est dans le ton. Il faut admettre, cependant, que les acteurs n’ont que très peu de défis à relever. Rossif Sutherland est crédible, et dans un très petit rôle, l’actrice Karine Vanasse se démarque.
Lisez notre entrevue avec le cinéaste canadien Leo Scherman.
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