Sawyer Valentini est une jeune femme célibataire qui s’est éloignée de sa mère et de sa ville natale pour une opportunité de carrière, mais surtout pour fuir un homme obsédé par elle. Troublée par une rencontre qu’elle avait pourtant amorcée et après avoir dû refuser les avances de son patron, elle consulte une psy et signe un document pour avoir accès à des soins. Mais elle se retrouve plutôt enfermée dans une institution psychiatrique où elle croit apercevoir l’homme qui l’a harcelée. Est-ce vraiment lui ou est-elle en train de devenir folle?
Claire Foy (The Crown) offre une performance poignante – jusque dans les micro-expressions – dans laquelle toutes les femmes pourront inévitablement se reconnaître. Son jeu est si criant de vérité qu’il viendra vous prendre aux tripes en plusieurs occasions. L’actrice britannique, qui emprunte un accent américain pour son rôle, est aussi très bien entourée. Juno Temple (Horns, Maleficent, Sin City: A Dame to Kill For) est transformée en Violet, un personnage qui semble tout droit sorti d’un épisode d’Orange Is the New Black. Jay Pharaoh (SNL, White Famous) et Joshua Leonard (The Blair Witch Project, Bates Motel) campent quant à eux des rôles que vous ne serez pas près d’oublier.
Réalisé par Steven Soderbergh (Sex, Lies, and Videotape, Contagion, Side Effects, The Knick) et écrit par Jonathan Bernstein et James Greer, le thriller psychologique réussit à explorer la psyché féminine comme a si bien su le faire Patrick Senécal avec son roman Aliss.
N’ayons pas peur des mots: Unsane est un film féministe. Il creuse l’intensité du trouble de stress post-traumatique vécu et décrit par plusieurs femmes, même s’il est encore majoritairement associé aux hommes dans l’armée. Les spectateurs sont confrontés aux sentiments de ne jamais se sentir en sécurité, d’impuissance, de ne pas être cru, d’avoir l’impression de sombrer dans la folie, d’une certaine subjectivité de l’expérience individuelle. Parallèlement à cela, le film offre une importante critique du système de santé américain, particulièrement en ce qui concerne les soins en santé mentale.
L’usage du iPhone s’inscrit dans une logique qui va au-delà de l’accessibilité de la technologie, d’une démocratisation du septième art et de l’affranchissement du cinéaste. Il permet de renforcer, voire d’amplifier le message du film puisqu’il s’agit d’un outil commun pour les traqueurs en cette ère moderne. Même les puristes sauront embrasser ce choix dans ce contexte. Et puis pourtant, alors que les scènes s’enchaînent, on en vient à oublier l’appareil. Seuls quelques plans inhabituels ou imprévisibles nous rappellent que le film a été tourné avec un téléphone. Le cinéaste s’est amusé, et ça paraît, en signant une oeuvre à la fois simple et efficace.
Soderbergh laisse l’impression de vouloir secouer Hollywood en confrontant l’industrie cinématographique – tant dans les moyens techniques qu’il se donne que dans le récit – avec un pied de nez magnifique que plusieurs voudront comparer à Get Out.
Et que dire de ce caméo savoureusement ironique d’un célèbre acteur ayant été critiqué pour ses commentaires concernant le mouvement #MoiAussi (#MeToo)!
En plus d’être un excellent divertissement qui transcende les genres, Unsane est donc un film important qui mérite d’être vu. Et même s’il n’est pas inspiré d’un fait vécu comme prétendent l’être certains films à la mode, il parvient à démontrer qu’il n’y a rien de plus effrayant que la réalité.
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