L’année 2020 a été particulièrement pénible pour nous tous. Difficile également de terminer cette année de luttes continuelles sans penser à notre collègue et amie, Josianne, qui nous a quittés. Notre équipe est petite et nos interactions se font souvent à distance, mais ça ne change aucunement le respect et le plaisir que nous avons ensemble lors de nos rencontres. Après chacune des premières de film où Horreur Québec était convié, j’avais l’habitude de discuter du film avec notre collègue et sa sœur qui l’accompagnait toujours. Cela me manque déjà.
Je tiens aussi à profiter de cette tribune pour inviter chacun des collectionneurs, amateurs de films d’épouvante, à venir échanger et dégoter des trésors à l’encan Horreur Fanatik, où chaque samedi soir est une célébration de l’horreur. L’absence de conventions et de festivals en personne a vraiment créé une sorte de manque chez moi, et j’affectionne beaucoup ces samedis.
Comme je ne suis pas friand de courts-métrages, je me suis fait le devoir cette année d’en voir un maximum. J’en ai regardé facilement une soixantaine durant l’année et il se trouve que plusieurs m’ont réellement marqué. Ces derniers mois de confinement m’ont étrangement permis de voir plus de films qu’à l’habitude. Est-ce possible? Tout genre confondu, j’ai visionné 83 long-métrages de la dernière et fantastique édition numérique de Fantasia. Je me suis également offert 23 films au TIFF, 37 au FNC et une dizaine à Cinemania. Si j’ajoute les films que j’ai vus hors festival, je crois définitivement que je mérite le titre de cinéphile déjanté. Je m’assume parfaitement.
J’insiste sur ces détails pour mettre en lumière le fait que choisir les dix œuvres nous ayant le plus marquées n’est pas si simple.
J’aurais pu facilement inclure l’excellent documentaire de notre ami Steve Villeneuve, Hail to the Deadites, dans ce top de fin d’année, mais j’ai volontairement inséré uniquement des films narratifs.
10-Alone de John Hyams
Présenté dans le cadre de l’édition virtuelle de Fantasia, ce film est une pure merveille. L’histoire de cette jeune femme voyageant seule sur la route et devant affronter un psychopathe est des plus délectables. John Hyams, réputé pour ses nombreuses participations à des séries télévisées sait manipuler diaboliquement ses spectateurs et le suspense est maintenu du début à la fin.
9- His House de Remi Weekes
Ce petit film d’épouvante nous a été présenté par Netflix après avoir fait une assez bonne impression au festival de Sundance. Il s’agit d’un premier long-métrage extrêmement mature de la part du cinéaste Remi Weekes, qu’on voudra certainement suivre. Mélangeant une réflexion sur le parcours des réfugiés et sur la culpabilité, la trame est captivante et ménage plusieurs passages saisissants.
8- Blood Quantum de Jeff Barnaby
Le réalisateur autochtone Jeff Barnaby nous a donné un film de zombie assez particulier où les membres des Premières Nations sont miraculeusement immunisés contre cette pandémie. L’idée est amusante, en général, et le niveau de qualité des effets gore surprend pour le budget disponible. Je garderai toujours en mémoire ma visite sur le plateau, alors qu’on tournait l’une des scènes finales.
7- The Invisible Man de Leigh Whannell
Malgré une finale un peu facile et moins inspirée, cette relecture du classique de la Universal renferme tout de même plusieurs passages dignes de figurer dans de futures anthologies du cinéma de genre. Il faut dire que Leigh Whannell a appris de l’un des meilleurs, le désormais légendaire James Wan.
6- Never Hike in the Snow de Vincente DiSanti
En 2017, avec Never Hike Alone, Vincente DiSanti a eu le talent de récupérer le personnage iconique de Jason dans un film «fan made» d’une surprenante qualité. Reprenant le rôle de Tommy Jarvis du premier film — et plus de trente ans après la sortie de Friday the 13th Part VI: Jason Lives —, l’acteur Thom Matthews refait équipe avec DiSanti pour cette autre court se déroulant trois mois auparavant. Filmé avec intelligence et un amour incontestable pour la franchise, Never Hike in the Snow est une petite merveille. Vous pouvez d’ailleurs le visionner intégralement ici.
5- Abracitos de Tony Morales
Abracitos, qui pourrait se traduire par «câlin», est un court-métrage de onze minutes tout simplement à glacer le sang. Le cinéaste espagnol Tony Morales participe à l’anthologie The 100 Candles Game, lancée outre-mer plus tôt cette année, et il nous tarde de la découvrir ici.
4- Fried Barry de Ryan Kruger
Un véritable délire filmique qui marie très bien l’horreur, la science-fiction et la comédie pour nous dépeindre un portrait assez cynique de la race humaine. En ce temps de pandémie, le film trouvait sa propre résonance. Dans le rôle-titre, Gary Green est inoubliable.
3- Laurin de Robert Sigl
À travers les nouveautés offertes par Fantasia l’été dernier, les spectateurs ont eu la chance de découvrir Laurin, une coproduction entre l’Allemagne et la Hongrie, qui convoque, par son baroquisme flamboyant et ses thèmes tabous, le giallo italien. Ce film de 1989 a eu moins de visibilité en Amérique et tout fan de film d’épouvante se doit de voir cette merveille.
2- The Dark and the Wicked de Bryan Bertino
Rarement une réflexion sur le deuil ne s’est avérée aussi terrifiante. La trame est simple et les mécanismes de l’horreur qu’on utilise rappellent davantage le cinéma d’antan que la plupart des nouveautés axées sur un montage tonitruant et des effets chocs prévisibles. Le caractère intimiste et le talent des acteurs confèrent à l’ensemble un caractère anxiogène plutôt savoureux. Ajoutons à cela plusieurs moments de grande terreur et nous sommes confrontés à ce nouveau classique.
1- Possessor de Brandon Cronenberg
À une époque où les histoires originales semblent aussi difficiles à trouver qu’un vaccin contre la COVID-19, Brandon Cronenberg nous a donné un électrochoc. On oublie ce coronavirus, omniprésent dans nos vies, le temps d’un film. Possessor nous déroute et nous captive à la fois. Celui-là même qui nous avait déjà impressionné avec Antiviral nous offre les bouchées doubles avec un nouveau long-métrage qui pourrait même rendre son père David envieux. Les passages extrêmement violents créent en nous un véritable malaise. Rien d’aussi parfait nous a été offert cette année.
Mon coup de gueule 2020
#ShakespearesShitstorm de Lloyd Kaufman
Je comprends très bien le mandat de la Troma et de Lloyd Kaufman, mais ses blagues irrévérencieuses d’avant perdent de leur comique à force d’être répétées encore et encore. Le côté underground revendiqué par la maison de production perd de ses plumes et ne fait plus rire. Après des litres de diarrhée et autres fluides, on a compris le principe. Du gros n’importe quoi.
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