Profitant d’un service de covoiturage pour se rendre à un rendez-vous pour un avortement qu’elle n’est pas certaine de vouloir, Elisa (Matilda Lutz, Revenge) partage le camping-car d’un cinéphile enthousiaste avec un mystérieux docteur et un jeune couple ayant tout quitté pour se marier. Comme dans toute histoire d’horreur classique, le voyage ne se déroule pas tel que prévu: le VR dérive en cherchant à éviter une carcasse qui bloque la route, provoquant un accident qui les assomme tous. Les passagers se réveillent dans la forêt, incapables de trouver la route qu’ils suivaient. Leur recherche les mène à une inquiétante maison dont les habitants sont absents. C’est sans doute mieux ainsi: des tableaux racontant une variante sanglante de la légende d’Osso, Mastrosso et Carcagnosso sur les origines de la mafia italienne tapissent les murs, et une très mauvaise surprise les attend au grenier.
Comme le suggère le titre, les réalisateurs italiens Roberto De Feo et Paolo Strippoli ont fait de A Classic Horror Story une sorte de pastiche où s’entassent les clins d’œil. En plus d’hommages à Midsommar et The Texas Chain Saw Massacre clairs comme le cristal, le film en rappelle un tas d’autres avec ses emprunts conscient aux clichés comme celui du culte païen (The Ritual, The Shrine, Kill List), du village fanatique (Calvaire, The Village), de la mise en scène de plus en plus difficile à ignorer par les personnages (The Cabin in the Woods), du jour ou du paysage sans fin (Koko-di Koko-da), et on en passe.
C’est en ajoutant un nouveau degré à chaque nouveau degré qu’A Classic Horror Story fait déraper l’intérêt et la crédulité du spectateur. Dans l’une des répliques, un personnage dit d’un film qu’il est «nul puisqu’il n’est rien de plus qu’une copie d’autres films.» Certainement insérée dans le dialogue pour marquer l’ironie de De Feo et de Strippoli, cette déclaration porte tout de même son lot de vérité: en poussant le méta texte toujours plus loin, les réalisateurs se perdent autant que leurs personnages.
Il y a du bon, par contre, notamment au niveau visuel. Présent au cours des deux premiers tiers du film, le contraste entre une palette dominante aux tons sépia et plusieurs scènes éclaboussées de lumière rouge passent ensuite à un éclairage vif à la Midsommar et à une esthétique réaliste, plus représentative du cinéma d’horreur mainstream contemporain. Bien sûr, comme nous parlons tout de même de cinéma italien, on espérerait un look aussi léché que celui d’Argento, par exemple, mais ce serait lourdement exagéré: la facture visuelle n’en est pas moins réussie. Enfin, malgré son personnage peu développé, Lutz arrive à camper une héroïne solide qu’on espère voir triompher.
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