À une ère où les bandes-annonces nous jouent pratiquement l’œuvre en accéléré, divulgâcheurs inclus, l’économie de détails de celle de Barbarian de Zach Cregger a tout de suite accroché notre attention — un choix approprié pour ce film d’horreur créatif qui nous entraîne dans un dédale souterrain où chaque détour s’avère aussi terrifiant que surprenant.
Lorsque Tess (Georgina Campbell) arrive enfin à la petite maison qu'elle a louée sur Airbnb, elle a la mauvaise surprise de découvrir qu'un autre locataire (Bill Skarsgård) occupe déjà les lieux. Incapables de rejoindre les propriétaires, les deux jeunes adultes, qui développent aussitôt une belle complicité, décident de cohabiter en attendant de régler la situation. Mais leur survie est mise à rude épreuve lorsqu'ils découvrent l'immense et terrifiant sous-sol caché sous leurs pieds...
Surtout connu comme l’un des membres de la troupe de comédiens The Whitest Kids U’ Know, Zach Cregger fait une entrée surprise remarquée au grand écran avec Barbarian, qu’on pourrait décrire comme le Malignant de l’année. Même si le film n’a rien d’une comédie, Cregger utilise son expérience humoristique à bon escient à travers le personnage d’AJ (Justin Long, Jeepers Creepers), qui fait une arrivée tardive en tant que célébrité arrogante et délicieusement détestable dont la carrière est en train de s’écrouler. Skarsgård (It, It 2) joue avec un naturel et une naïveté qui s’attirent la sympathie (mais aussi la méfiance) des spectateurs, tandis que Campbell (Black Mirror 4) campe la final girl avec conviction: intelligente et prudente la plupart du temps, mais idiote et téméraire lorsque les conventions du cinéma d’horreur l’exigent.
Accompagnée par la trame sonore anxiogène d’Anna Drubich, qui rappelle à certains égards celle de The Witch, la cinématographie exploite brillamment le potentiel de l’immense sous-sol glauque et s’amuse avec nos nerfs en nous faisant anticiper chaque tournant et chaque tunnel mal éclairé. C’est presque comme si on y était. L’effet de surprise va au-delà du shock value et des jump scares (d’ailleurs assez nombreux) en entraînant le récit vers des thèmes et des directions insoupçonnés qui font même voyager dans le temps. Les clichés apparaissent sporadiquement pour être aussitôt fracassés.
Bien sûr, Barbarian a aussi ses défauts. Son commentaire sur l’exploitation sexuelle des femmes par les hommes, notamment sur les comportements que le risque d’être violentées pousse les femmes à adopter, demeure ténu et superficiel, même si on sent son honnêteté. De plus, non seulement quelques questions pourtant importantes ne trouvent pas de réponse, mais certains éléments du récit sont relégués aux oubliettes de façon frustrante. Enfin, un passage démontrant l’indifférence des policiers envers les souffrances des personnes vulnérables nous présente son message souligné, en gras et en italique, avec un manque de subtilité qui fait un peu rouler des yeux.
Néanmoins, Barbarian a le cœur sur la main et, tout en clignant de l’œil à certains de nos films préférés (Psycho, The Descent, The People Under the Stairs), il propose une expérience cinématographique unique et efficace qui mérite tout à fait d’être appréciée en salle.
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