Pendant que Dahmer – Monster: The Jeffrey Dahmer Story domine encore le palmarès du contenu le plus écouté, Netflix a ajouté le 7 octobre du matériel supplémentaire pour ceux qui veulent en savoir plus sur le tueur en série: Conversations with a Killer: The Jeffrey Dahmer Tapes (Jeffrey Dahmer: Autoportrait d’un tueur).
Conversations with a Killer: The Jeffrey Dahmer Tapes, la plus récente saison de cette série de Joe Berlinger qui a déjà traité de John Wayne Gacy et Ted Bundy, présente pour la première fois au public les entretiens enregistrés entre Jeffrey Dahmer et son avocate Wendy Patrickus en 1991, lors de la préparation de sa défense au tribunal. Celle qui n'avait alors que 25 ans a écouté le tueur se confesser avec moult détails pendant près de trente-deux heures. Elle prend publiquement la parole au sujet de leurs conversations pour la troisième fois en trente ans, accompagnée d'experts, de vétérans de la police et de plusieurs autres, au cours de trois épisodes consacrés à la vie de l'un des tueurs en série les plus célèbres au monde.
Maintenant, la question qui tue: était-ce vraiment nécessaire? Pas vraiment, non. Conversations with a Killer rate le coup en entretenant l’idée que l’homme s’est tourné vers le meurtre par dépit à cause de sa peur maladive de l’abandon et de son incapacité à résister à ses pulsions. Une grande part de responsabilité est attribuée à son enfance, particulièrement au départ de sa mère lors de l’été de ses 18 ans, ce qui lui a laissé le champ libre pour commettre son premier meurtre. L’attention accordée à la pause de dix ans avant son deuxième meurtre, de même qu’à sa conversion chrétienne, entretient aussi ce portrait faussement anodin.
Il faut dire que, malgré les horreurs qu’il a commises, le cannibale de Milwaukee ne fait pas le même effet que l’arrogant Bundy ou le coléreux Gacy. Il s’exprime de façon douce et polie, le ton égal. L’air fatigué, mais honnête et en contrôle, il affirme avoir des remords et assume la responsabilité de ses actes sans larmes ni excuses. Jumelé à son apparence physique inoffensive, son comportement effacé lui donne l’allure d’une personne passive et peu dangereuse. Bref, il s’attire une compassion qu’il ne mérite pas. Pour couronner le tout, un nombre important de personnes qui témoignent à l’écran expriment envers lui une affection ou une pitié à peine voilée, à commencer par Wendy Patrickus. Cela dit, on comprend que l’avocate à la défense ait développé un lien unique avec lui, mais le panel laisse un goût amer quand on y trouve tant d’anciens amis et d’individus ayant cherché à lui obtenir un diagnostic de non-responsabilité criminelle.
Sans surprise, très peu de proches des victimes prennent la parole dans Conversations with a Killer: The Jeffrey Dahmer Tapes. Un ami d’Anthony Sears se livre avec beaucoup de vulnérabilité tandis que Michael Ross, qui fréquentait la scène gaie de Milwaukee et connaissait quelques victimes de Dahmer, se pose comme un intervenant attachant et éloquent. Ensemble, ils infusent la série d’une touche humaine aussi nécessaire que bienvenue, d’autant plus que la série n’épargne aucun détail sur les meurtres et la profanation des corps — une valeur choc qui nuit à la crédibilité du commentaire social qu’on tente de mettre en place.
Malgré son tact, Conversations with a Killer: The Jeffrey Dahmer Tapes satisfera les amateurs de true crime. Mais si vous devez faire le choix, regardez plutôt Dahmer – Monster: The Jeffrey Dahmer Story, beaucoup plus sensible et mémorable.
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