Les robots animatroniques de Five Nights at Freddy’s (Cinq nuits chez Freddy) en ont fait, du chemin, depuis leur arrivée en 2014! Dix ans plus tard, la franchise créée par Scott Cawthon compte neuf jeux vidéos, plusieurs spin-offs et un tas de produits dérivés adorés des jeunes, comme le prouvent les walkthroughs qui peuvent amasser des millions de vues sur YouTube. C’est d’ailleurs ce public adolescent que vise Blumhouse avec cette adaptation cinématographique 13 ans et plus signée Emma Tammi (The Wind).
Depuis qu'il a été témoin du kidnapping de son frère huit ans plus tôt, Mike Schmidt épluche vainement ses souvenirs à la recherche d'indices qui pourraient lui permettre de le retrouver. Ses rêves prennent une tournure sinistre lorsqu'il devient gardien de nuit chez Freddy Fazbear's Pizza, un restaurant abandonné aux robots animatroniques animés par des forces surnaturelles.
Dans les jeux vidéos, les joueurs se protègent de Freddy, Bonnie, Chica et Foxy en suivant leurs mouvements sur les caméras de sécurité et en contrôlant tant bien que mal les portes et bouches d’aération. Le film sort de ce cadre claustrophobe en permettant non seulement à Mike d’explorer le restaurant au complet, mais aussi en allouant beaucoup de temps à ses rêves récurrents et sa relation avec sa petite sœur (Piper Rubio). Josh Hutcherson (The Hunger Games) interprète ce personnage stoïque avec une retenue qui, bien que crédible, ne donne pas lieu à des moments de cinéma bien excitants. Le trauma et le quotidien difficile de Mike inspirent notre empathie, mais pas notre intérêt.
En fait, c’est tout l’ensemble qui dégage une aura de tristesse. On se serait attendus à un tour de manège électrisant rempli de jump scares et de morts toutes plus folles les unes que les autres, comme le laisse d’ailleurs présager la scène d’ouverture, mais c’est peine perdue avec des thèmes comme le trouble de stress post-traumatique et les meurtres d’enfants. À trop vouloir donner de profondeur à son film, la réalisatrice oublie un ingrédient fondamental: le plaisir. Même la nostalgie inspirée par les jeux d’arcade et les mascottes géantes, qu’on souhaitait dans la même veine que l’hommage rutilant aux années 80 de Stranger Things, revêt plutôt un air de deuil déprimant — à l’exception de l’excellent thème musical de The Newton Brothers, qui marie chiptune et chœurs d’enfants.
Le scénario ne manque pas de failles, dont le personnage de Vanessa (Elizabeth Lail, You), une policière dont les actions et motivations n’ont définitivement pas fait l’objet d’assez de réflexion. Five Nights at Freddy’s possède toutefois quelques éléments rédempteurs, à commencer par la présence du vétéran de l’horreur Matthew Lillard (Scream) et le design des robots par les experts de la Jim Henson’s Creature Shop. Les scènes avec la tante de Mike (Mary Stuart Masterson, Daniel Isn’t Real) et, surtout, son avocat pétrifié (Michael P. Sullivan, Renfield) injectent le film d’une dose d’humour délicieuse, mais trop faible pour un produit qui se prend autant au sérieux.
Five Nights ne risque pas de faire mouche auprès d’un public adulte, mais il pourrait bien gagner des points auprès des jeunes spectateur·trice·s qui connaissent bien l’univers de la franchise et commencent à s’intéresser au cinéma d’horreur.
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