Last Night in Soho (Une dernière nuit à Soho) débute lorsqu’Eloise arrive à Londres des rêves pleins la tête, excitée de débuter ses études en design de mode. La jeune femme prend une chambre dans une vieille demeure du quartier de Soho où, la nuit, des rêves vivides la parachutent dans l’univers de Sandy, qui vivait dans le même logement il y a près de soixante ans. Le plaisir de mener cette excitante vie double s’estompe lorsque le quotidien de son alter ego tourne au cauchemar et s’impose de plus en plus violemment dans son quotidien, jusqu’à ce qu’elle n’arrive plus à distinguer la réalité.
La carrière d’Edgar Wright a certainement suivi un parcours intéressant. Après Scott Pilgrim vs the World et les films de la trilogie Three Flavour Cornetto, son célébré Baby Driver lui a permis de récolter de nombreuses statuettes. Quatre ans plus tard, il retourne au genre qui nous l’a fait découvrir avec Last Night in Soho, un thriller psychologique qui emprunte quelques éléments d’horreur.
Même si on ne pourrait le qualifier de film d’horreur, Last Night mérite amplement qu’Horreur Québec se penche sur lui. Révélées au bout d’une montée de la tension bien mesurée, les scènes effrayantes font preuve d’ingéniosité et d’une redoutable efficacité. Hélas, leur répétition sur un court laps de temps font en sorte que le film s’essouffle vers la fin du deuxième acte. Malgré une twist intéressante (que certains verront toutefois venir), son dénouement et sa conclusion ne suffisent pas à racheter ce rythme trop peu contenu.
Heureusement, les actrices ne perdent pas leur vigueur. Même si leurs personnages auraient pu être plus étoffés, Thomasin McKenzie (Jojo Rabbit) et Anya Taylor-Joy (The VVitch) jouent avec enthousiasme et intensité. Les deux femmes ne volent toutefois pas la vedette à la star du film: la ville de Londres. Avec ses lumières clignotantes et ses nuages de fumée, l’impressionnante scénographie du Londres des années 1960 nous transporte à l’époque des robes cocktail et des cheveux bouffants.
Last Night in Soho régale les yeux et les oreilles. Le film est à son meilleur lorsqu’il brouille la ligne entre le passé et le présent, le rêve et la réalité, dans une orgie psychédélique de couleurs et de mouvements où tout semble flotter. La musique, où se succèdent Petula Clark, Dusty Springfield et Cilla Black, possède la même importance que dans Baby Driver: Edgar Wright n’ignore certainement rien du pouvoir d’une trame sonore savamment composée. Les curieux seront d’ailleurs heureux d’écouter Edgar Wright’s Soho Nights, la liste de lecture de près de trois heures qu’il a publiée sur Spotify.
On aurait toutefois souhaiter mieux pour Michael Ajao (Attack the Block), qui interprète un étudiant amoureux d’Eloise. John s’inscrit malheureusement dans la longue tradition de personnages noirs qui ne semblent avoir que pour seules fonctions de supporter le personnage principal blanc et d’accorder au film quelques points au niveau de la diversité. La scène où tous deux se trouvent dans la chambre manque d’ailleurs de sensibilité à un point surprenant. Les thèmes de la santé mentale, du deuil et de l’industrie du sexe sont aussi négligés.
Malgré tout, Last Night vaut le visionnement en salle, ne serait-ce que pour apprécier pleinement l’esthétique de sa nostalgie du glamour des années 1960.
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